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Violette Leduc
Intense correspondance à un collégien (1948-1952)
Estimation:
€12,000 - €14,000
Sold :
€10,201

Lot details

Intense correspondance à un collégien (1948-1952)

39 l.a.s. et 2 télégrammes, entre 1948 et 1952. 68 p., f. in-12 ou in-4 quadrillées à marge. Certaines écrites au dos de brouillons raturés de romans (?). Une des l.a.s. adressée à Georges.
En 1948, trois collégiens de Rennes, Alain, Georges et Robert, ont lu et dévoré L'Asphyxie de Violette Leduc, et lui font part de leur admiration. Dans La Folie en tête, Violette Leduc commente : "Un lecteur serait-il une proie sur laquelle j'allais me jeter ? Je relisais sa lettre, j'étais tentée par l'abîme qui sépare une femme de quarante ans d'un adolescent de dix-sept ans". Une passionnante correspondance s'installe entre ces collégiens férus de littérature et l'écrivain épris de jeunesse. Alain, destinataire des présentes lettres, est le témoin et confident des rencontres entre Violette et ses deux amis. Elle craint que Georges n'apprécie pas sa "gueule", et effectivement la rencontre est un échec : "Il n'a eu de moi, en plus du monstre physique, qu'une mégère de quarante ans qui déraisonnait". Elle se rend à Rennes, rencontre l'un des collégiens et vit trois jours de "débauche", mais les cris passionnels de la femme, les bouteilles de champagne jetées par la fenêtre et les plaintes des propriétaires, la police intervient et raccompagne Violette à la gare. Violette convainc Alain d'intercéder : "Usez de votre amitié et de votre influence auprès de lui pour qu'il me pardonne. J'ai besoin de ses lettres affectueuses, de son univers poétique…", puis explique : "Une vieille femme voulait soutirer du plaisir, de l'amour, de la tendresse d'un homme-enfant. Elle méritait de payer". Et finalement se résout : "Les jeunes avec les jeunes, les vieux avec les vieux".
Correspondance libertine. On peut imaginer l'influence que cette femme extravagante et libérée a eu ces collégiens, notamment en disant : "Il n'y a pas de vice, il n'y a que de vicieux. Il y a des êtres authentiques", ou "Il faut nous placer hors de l'âge hors des traditions, hors de la raison…", ou en leur révélant que "les femmes sont incapables d'amitié… Toujours le sexe, les bras et le cœur toujours grandement ouverts… Comme j'admire les putains. Je voudrais être le complément d'une putain, celle qui dirait à un homme : ça me coûtera combien ?".
Correspondance littéraire aussi. L'écrivain donne de très rilkiens conseils : "on ne peut pas commencer quelque chose avec rien. Vous êtes un sac à remplir de sac de grains. Ensuite vous puiserez dedans", et pour ce faire lui conseille de lire Sartre, Rimbaud, Genet, Pascal, d'écouter Armstrong et Schubert, de voir Van Gogh et Rembrandt. Alain, lui, envoie du beurre, dont elle manque, et des colis de livres ; du Breton qu'il lui envoie, elle dit : "Les trouvailles sont géniales. Le prêchi-prêcha m'ennuie. Chaque image est une somme de poésie. J'ai découvert qu'il avait influencé Jean genet… J'ai eu un choc artistique. J'aime bien les passages soulignés", et propose qu'ils écrivent ensemble un article pour les Temps modernes. Elle évoque le métier d'écrivain ("il faut écrire pour quelqu'un lorsqu'on écrit un livre mais ne pas écrire pour un public. Cependant, la vraie écriture, sans aller jusqu'à l'écriture automatique, c'est l'abandon"), ses difficultés à écrire et confie ses désespoirs, "ses névroses, son chantage au suicide, sa stérilité littéraire" : "Je traverse une époque de grand découragement. Je pense beaucoup au suicide." Finalement, ce contact avec ces Joints :
- 1 L.A.S. à Georges.
Joint :
- 3 L. à Georges copiées par Alain.
BIBLIOGRAPHIE : environ 25 l. éditées par V. Leduc, Correspondance, 1945-1972, C. Jansiti éd., Gallimard, "Les Cahiers de la NRF", 2007 ; voir p. 25-28 pour le contexte.

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