(Restaurations)
The holy kinship, oil on oak panel, attr. to the master of Delft
27.56 x 19.1 in.
Probablement Ernest Solvay (1838-1922) ;
Probablement à sa sœur Alphonsa Solvay (1846-1936), épouse Henri-Alfred Delwaert ;
A son fils Valentin Delwaert ;
A sa fille Valentine Delwaert ;
Puis par descendance ;
Collection particulière, Belgique
Trouvant sa source dans les écrits apocryphes du Christianisme que La Légende dorée de Jacques de Voragine (1228-1298) remet au goût du Moyen-Âge, l’iconographie de la Sainte Parenté se développe en Europe du Nord, entre le XIVe et le XVIe siècle. La Vierge Marie est représentée au centre d’une assemblée composée de tous les membres de sa famille, dont sa mère, sainte Anne occupe la place centrale. Chaque personnage peut être identifié grâce à l’attribut qui l’accompagne, ayant généralement servi à son martyre. Mariée trois fois, la mère de la Vierge enfante trois filles appelées Marie, qui auront elles-mêmes des enfants faisant apparaître ici, les trois branches de la sainte famille élargie. En dressant ainsi la généalogie du Christ, la foi se voit renforcée d’un discours historique qui est la justification de cette iconographie.
Son utilisation relève plus particulièrement du travail des artistes situés entre les Pays Bas et la vallée du Rhin. C’est le cas du Maître de Delft actif dans cette ville de Hollande entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle. L’identification de son œuvre provient essentiellement des recherches de Max Jacob Friedländer1, qui rapproche quelques panneaux stylistiquement proches, les regroupe dans un corpus et leur reconnait une autonomie par rapport au Maître de Francfort, actif à Anvers dans les mêmes années, à qui l’on attribuait jusqu’ici toute la production équivalente. Cette distinction est opérée pour la première fois sur le Triptyque d'Anne Trinitaire, commandé par la famille van Beest de Delft vers 1514 et conservé au Suermondt-Ludwig-Museum d’Aix-la-Chapelle (GK 1526), où les panneaux latéraux sont attribués au Maître de Delft, et le panneau central au Maître de Francfort. Il est d’ailleurs intéressant de comparer La Sainte Parenté, traitée par ce dernier sur le panneau central d’un triptyque conservé au musée historique de Francfort (B259), avec le tableau que nous présentons ici, pour admettre l’impossibilité d’une confusion entre ces deux artistes.
Une part de mystère demeure cependant, notamment en ce qui concerne le fonctionnement éventuel de ce qui ressemble probablement à un atelier, où le Maitre de Delft serait entouré d’apprentis qui prendraient part à la réalisation d’une partie des œuvres. Si leur degré de participation est impossible à établir précisément, l’ensemble accuse une cohérence globale au niveau du style, dont l’origine doit être cherchée dans l’art de la gravure sur bois. A la fin du XVe siècle en effet, ces régions constituent d’importants centres d’imprimerie et Delft, ou le couvent de Den Hem près de Schoonhoven, se distinguent par une intense activité en la matière. Dans leur formation, les jeunes artistes passent donc nécessairement par cette étape, et la génération du Maître de Delft, qui compte aussi Jan Mostaert (vers 1474-1552) ou Cornelis Engebrechtsz (1462-1527), reste profondément marquée par ce procédé. Lucas van Leyden (1494-1533) fournit le plus grand exemple de ces inventeurs de motifs, que l’on retrouve déclinés à de grandes proportions, dont la mise en scène obéit à des schémas de construction similaires. Ces caractéristiques se retrouvent sur notre panneau, ainsi que sur de nombreux autres modèles dont nous pouvons citer l’exemple du Triptyque avec la Vierge à l’Enfant, saints et donateurs, conservé au musée du couvent Sainte-Catherine à Utrecht (inv. RMCC s82).
1 – Max Jacob Friedländer, Early Netherlandish Painting, vol. X, Leyden, 1978, pp. 30-33