Signée ‘F ERNAND KHNOPFF’ dans le bas
Montage original, monogrammé 'FK' dans le bas
Distrust, pastel and coloured pencil photograph, signed, by F. Khnopff
6.5 x 6.5 in.
Collection Paul Sachs, Munich (Lugt 2113) ;
Collection E. S., Bruxelles ;
Collection W. O. R., Amsterdam ;
Vente anonyme ; Lokeren, De Vuyst, décembre 2009, n° 539 ;
Collection Galerie belge, Wadrin ;
Catherine Gilson de Rouvreux, Bruxelles ;
Galerie Alexis Bordes, Paris, septembre – octobre 2011 ;
Acquis auprès de cette dernière en septembre 2011 par Gérard Lévy ;
Collection Gérard Lévy ;
Puis par descendance
en rapport :
Robert L Delevoy, Catherine De Croës, Gisèle Ollinger-Zinque, Fernand Khnopff : catalogue de l'œuvre, Bruxelles, Lebeer-Hossmann, 1987, cat. n° 221 bis p. 438
Fernand Khnopff figure parmi les plus importants représentants du symbolisme belge. Après avoir étudié la peinture à l’Académie des Beaux‐Arts de Bruxelles sous la direction de Xavier Mellery, il participe à la fondation du groupe des XX en 1883 aux côtés d’Octave Maus. Également membre fondateur de la Libre Esthétique dix ans plus tard, Khnopff, lié depuis 1885 avec Joséphin Péladan, prend part au Salon de la Rose+Croix dès 1892. Après un long séjour en Angleterre, sa participation à la première exposition de la Sécession Viennoise en 1898 fût remarquée par Gustave Klimt et marqua un tournant dans sa carrière. Si la réalité y est généralement traitée de manière mimétique, l’art de Khnopff contient une importante part de mystère et d’intériorité. Au-delà du réel, au-delà des objets ou des êtres, il interroge la face cachée du monde de l’âme où règnent le doute, l’amertume et la mélancolie, et s’inscrit de ce fait dans une démarche aussi spirituelle qu’esthétique.
Si Khnopff prit fréquemment pour modèle sa sœur Marguerite, en tant qu’égérie d’un idéal féminin, il portraiture dans notre dessin Lilie Maquet, une jeune fille anglaise dont la famille résidait à Bruxelles. Sur la base d’une photographie prise par le photographe Alexandre d’après un dessin original du peintre, il fixe le visage quasiment inexpressif de son modèle, en accordant une attention particulière aux deux yeux dans les profondeurs desquelles on ne sait s’il faut y déceler dédain, rêverie ou candeur. Le regard, si important dans l’œuvre de Khnopff, vient ainsi immédiatement exercer son pouvoir de fascination. La blancheur du cyclamen , minutieusement retranscrit dans la partie inférieure, vient ajouter un discret symbole de pureté et de défiance à la figure. L’ovale du visage, à peine marqué, n’est appuyé qu’au niveau du menton. L’ensemble est baigné dans un camaïeu de gris que permet le velouté du crayon originel. Porteur d’un titre pour le moins évocateur, « La Défiance », le dessin original appartient aujourd’hui à une collection privée[1]. Selon Gisele Ollinger Zinque, spécialiste de l’artiste, une dizaine de photos rehaussées de composition presque identique existent, mais chacune possède de subtiles variantes de la main même de Khnopff (fig. 1). Toutefois, notre version se singularise par son cadrage en cercle, à l’image d’un tondo de la Renaissance. Nul doute que ce format circulaire fut intentionnel car l’artiste a apposé son monogramme sur le passe-partout d’origine de couleur jaune/or et signé la photo rehaussée dans la composition, sous le menton du modèle. Énigmatique et séduisante, Lilie semble incarner en une saisissante icône les principes du symbolisme, et tenter par là même de restaurer un idéal perdu.
Fig. 1 : Fernand Khnopff, La Défiance (Lilie), photographie rehaussée au pastel et crayon de couleurs marouflée sur papier par l’artiste (29,3 x 20,8 cm), Bruxelles, musée d’Ixelles (RW 19).
[1] La défiance (Lilie), Œuvre originale, 1893, crayon noir et crayons de couleur sur papier, 25.5 x 17.5, in Robert L Delevoy, Catherine De Croës, Gisèle Ollinger-Zinque,
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nand Khnopff : catalogue de l'œuvre
, Bruxelles, Lebeer-Hossmann, 1987, cat. n° 221 p. 438.