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Carlos SCHWABE
Spleen et Idéal, d'après Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire
Estimate:
€15,000 - €20,000

Complete Description

Spleen et Idéal, d'après Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire
Aquarelle gouachée sur traits de crayon et papier gratté

Signée ‘CARLOS SCHWAB’ en bas à gauche

Porte de nombreuses étiquettes au verso relatives à différentes expositions

(Oxydations à la gouache blanche, petite déchirure restaurée en bas à droite)


Dans son cadre original choisi par le critique d’art Gabriel Séailles


Spleen and Ideal, illustration for ‘The Flowers of Evil, signed, by Charles Baudelaire, watercolour gouache on pencil and scraped paper strokes, by C. Schwabe

10.63 x 7.87 in.

20 cm x 27 cm
Provenance:

Collection Gabriel Séailles (1852-1923) ;

Collection de son épouse Octavie Séailles, née Marie Virginie Octavie Paul (1855-1944) [étiquette au verso] ;

Puis par descendance à sa fille Andrée Séailles (1891-1983) ;

Acquis auprès de cette dernière le 4 septembre 1970 par Gérard Lévy ;

Collection Gérard Lévy ;

Puis par descendance


Exhibitions:

Exposition Carlos Schwab, Paris, Galerie Georges Petit, 19-30 avril 1927, cat. n° 86 p. 15 : « Spleen et Idéal - appartient à Mme Gabriel Séailles ».

L’Art et la Vie en France à la Belle Époque, île de Bendor, Fondation Paul Ricard, septembre – octobre 1971, cat. n° 282 : « Spleen et Idéal » [étiquette au verso]

French Symbolist Painters, Londres, Hayward Gallery, 7 juin – 23 juillet 1972, Liverpool, Walker Arts Gallery, 9 août – 17 septembre 1972, cat. n° 313 : « Spleen et Idéal », reproduit p. 142 [étiquette au verso]

El Simbolismo en la Pintura Francesa, Madrid, Museo Espanol de Arte Contemporeano, octobre – novembre 1972, Barcelone, Museo de Arte Moderno, décembre 1972, cat. n° 252 : « Esplin E Ideal », p. 108 [étiquette au verso]

Symbolisme et naturalisme : Carlos Schwabe, illustrateur du Rêve de Zola, Paris, Musée d’Orsay, 28 juin – 25 septembre 1994, « Spleen et Idéal » [étiquette au verso]

Symbolisme en Europe, Takamatsu (Japon), Musée Municipal des Beaux-Arts, 1er novembre - 8 décembre 1996, Tokyo (Japon), Musée des Beaux-Arts de Bunkamura, 14 décembre 1996 – 9 février 1997, Himeji (Japon), Musée Municipal, 15 février – 30 mars 1997, cat. n° 107 : « Spleen et Idéal » reproduit p. 153 [version japonaise] ; p. 157 [version française] [étiquette au verso]

Il Simbolismo da Moreau a Gauguin a Klimt, Ferrara, Palazzo dei Diamanti, 8 février – 20 mai 2007, Roma, Galleria Nazionale d’Arte Moderna, 7 juin - 16 septembre 2007, cat. n° 98 : « Spleen e Ideale », reproduit p. 273 [étiquette au verso]

Divine Décadence, Gaasbeek (Belgique), Kastel van Gasbeek, 27 mars – 23 juin 2016, reproduit p. 86 : « Spleen et Idéal »

Bibliography:

Schurr, Gérald, « Les peintres symbolistes », L’Estampille, n° 19, mars 1971, reproduit p. 61 : « Spleen et Idéal »

Man & Woman, Vol. 2, part 25, janvier 1971, reproduit p. 673

Jumeau-Lafond, Jean-David, Carlos Schwabe, Symboliste et visionnaire, ACR Edition, 1994, reproduit p. 94 : « Spleen et Idéal »

Baudelaire, Charles, Les Fleurs du Mal illustrées par la peinture symboliste et décadente, Éditions Diane de Selliers, 2005, reproduit p. 441 : « Spleen et Idéal »

Comment:

Peinte en 1907, notre spectaculaire aquarelle gouachée se rapporte à l’illustration antérieure des Fleurs du mal de Charles Baudelaire, commandée en 1896 par l’éditeur et relieur Charles Meunier. La réalisation devait durer quatre ans et l'ouvrage paraître en 1900. Pour ce livre précieux, Schwabe réalise en tout dix compositions principales, hors texte, et treize vignettes faisant office de culs-de-lampe ou têtes de chapitre. D’une envoûtante beauté, Spleen et Idéal figure parmi les plus séduisantes de l’ensemble. Dans une composition ascensionnelle affectionnée par l’auteur, l’ange céleste s’oppose au monstre marin, symbolisant ainsi les luttes éternelles de l'esprit contre la matière. Le combat spirituel s’incarne ici en une étrange et violente étreinte, où l’on voit le personnage supérieur tentant de s’extirper de la force maléfique qui l’entraîne vers sa perte. Adhérent à cette vision bipolaire du conflit, Schwabe a semble-t-il trouvé sa pleine traduction baudelairienne dans le poème L'Irrémédiable :

 

« Une Idée, une Forme, un Être

Parti de l'azur et tombé

Dans un Styx bourbeux et plombé

Où nul œil du Ciel ne pénètre;

Un Ange, imprudent voyageur

Qu'a tenté l'amour du difforme,

Au fond d'un cauchemar énorme

Se débattant comme un nageur,

Et luttant, angoisses funèbres !

Contre un gigantesque remous

Qui va chantant comme les fous

Et pirouettant dans les ténèbres[1]. »

 

Carlos Schwabe accordait une grande importance à cette iconographie singulière car en 1907, soit plusieurs années après l’illustration du recueil de Baudelaire, il tient à réaliser l’aquarelle que nous présentons, ainsi que deux grandes huiles sur toiles, dont l’une, qui a également fait partie de la collection Gérard Lévy après avoir appartenu à Gabriel Séailles et à sa descendance, est également présentée à la vente. Si l'aquarelle et l’huile ne comportent pas la harpe ailée présente dans l'illustration originelle, on y retrouve la même convulsion des flots, la même lutte acharnée entre monstre visqueux et femme ailée, le même interminable conflit, corps et âme, entre Spleen et Idéal.

 


[1] Charles Baudelaire, « L’Irrémédiable », in Les Fleurs du mal, Poulet-Malassis et de Broise, 1857, p. 242.


Nous remercions Monsieur Jean-David Jumeau-Lafond de nous avoir confirmé l'authenticité de cette œuvre par un examen de visu en date du 28 novembre 2024 ainsi que pour son aide précieuse à la rédaction de cette notice.

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