Deux projets de conférences à la fin de sa captivité.
[Conditions du conflit et retour à la paix].
L’exposé est divisé en six points numérotés.
1. Il semble définitif que tous les peuples ont reconnu la folie des armements exagérés et ont résolu d’y mettre un terme après la guerre.
2. Mais la course aux armements d’avant la guerre ne s’est pas produite toute seule. Elle avait des raisons profondes »…
De Gaulle examine les raisons du conflit en Allemagne, en Russie, en Serbie, et le rôle des « nationalités non achevées ou considérées comme telles, ainsi que la formation des alliances…
Il s’inquiète d’un double danger : « A. Économiquement la rivalité des peuples ne cessera point. […] B. Politiquement, la rivalité des peuples va être exaspérée car aucune question ne sera sans doute résolue »… D’où
« idée de l’arbitrage obligatoire pour les conflits avec comme corollaire la limitation obligatoire des armements »…
Le 6e point sert de conclusion : « Alors pour la limitation des armements, les grands peuples, surtout ceux qui ont beaucoup souffert, l’accepteront, mais aucun prévoyant l’avenir n’acceptera de désarmer tout à fait. »
LNC, I, p. 433-435.
[Principes généraux des institutions militaires d’un État].
Ce projet se présente sous forme de canevas destiné à être développé oralement. Les institutions militaires d’un État doivent répondre : 1° à « ses mœurs (politiques, sociales) qui déterminent le caractère du recrutement. 2. À sa position géographique, sa politique extérieure, qui déterminent l’étendue des moyens (effectifs, moyens matériels). 3. À la forme que l’on attribue à une guerre possible d’après l’expérience faite dans la guerre ou les guerres précédentes, avec toutefois des dispositions suffisantes pour parer aux situations imprévues où la guerre revêt une forme différente (qui détermine la préparation à l’emploi des moyens : choix du commandement, nature de l’instruction, accumulation des moyens matériels ou dispositions). »
En ce qui concerne la France après la guerre, une « tendance démocratique générale » impose de maintenir le « principe du service militaire obligatoire égal pour tous ». Le voisinage de l’Allemagne et ses nombreuses colonies oblige la France à avoir « une armée nationale suffisante pour ôter à nos voisins l’envie de recommencer la guerre ; et une armée coloniale pouvant contribuer à la défense du sol et également défendre nos colonies toute seule ».
La nouvelle forme qu’a prise la guerre, mobilisant « toutes les forces du peuple en guerre sans exception, morales, sociales, économiques (industrielles, agricoles, communications) », et devenue « en grande partie une guerre de positions ou à peu près et une guerre de moyens matériel variés et se créant au fur et à mesure (effectifs nouveaux, artillerie lourde, aviation, sous-marins) », autorisera « en temps de paix une réduction des armements », pour éviter notamment d’entretenir des effectifs énormes, et d’accumuler des moyens matériels considérables…
« Aussi les grands États européens s’entendront-ils sans doute assez facilement pour réduire leurs armements du temps de paix. Les effectifs présents en temps de paix sous les drapeaux se laisseront fort bien réduire et l’instruction aussi. […] Pour le matériel également. »
LNC, I, p. 435-436.