Très intéressante lettre priant l’ambassadeur d’Espagne à Berlin de faire appliquer immédiatement sa condamnation.
[Il est à noter qu’il revient à l’ambassadeur d’Espagne (pays neutre) à Berlin de se charger des intérêts des ressortissants français au pouvoir de l’ennemi. La condamnation évoquée sanctionne une « injure » faite aux gendarmes allemands lors de son arrestation après son évasion en novembre 1917. On peut penser que cette hâte à faire appliquer sa condamnation s’explique par sa crainte, le cas échéant, de ne pouvoir faire partie des officiers sélectionnés pour un échange de prisonniers si celle-ci est encore en suspens. Cette démarche entreprise auprès de l’ambassadeur d’Espagne semble avoir porté ses fruits puisque la lettre à sa mère datée du 30 septembre 1918 est adressée depuis Magdeburg.]
« J’ai l’honneur d’appeler la haute attention de Votre Excellence sur les faits suivants :
Le Conseil de Guerre d’Ingolstadt m’a condamné le 18 avril dernier à 14 jours de prison. Le jugement se rapportait à un fait survenu le 23 novembre 1917.
Votre Excellence voudra bien remarquer, en passant, qu’il a fallu cinq mois à l’autorité allemande pour terminer une instruction, limitée à la déposition écrite d’un seul témoin, et à mon propre interrogatoire. Le jugement une fois prononcé en première instance, j’ai renoncé à interjeter appel, en particulier dans l’intention d’en avoir fini au plus tôt avec la peine qu’il m’infligeait.
À la date d’aujourd’hui, ces deux semaines de prison ne sont toujours pas faites… J’ai adressé à l’autorité allemande plusieurs demandes à cet égard : elles n’ont eu aucun résultat.
L’Accord de Berne du 26 avril 1918 porte (article 34) : “[…] Les prisonniers condamnés seront immédiatement transférés dans un camp spécial”, etc. Un camp spécial a, d’ailleurs, été constitué à cette intention à Magdeburg. […]
Votre Excellence me permettra d’attendre de sa bienveillance : 1° que l’ambassade d’Espagne à Berlin cherche à obtenir des autorités allemandes qu’elles n’attendent point pour me faire exécuter ma punition »… Etc.
LNC, I, p. 423-424.
On joint un brouillon autographe de lettre en allemand, demandant de faire parvenir cette lettre à l’ambassadeur (1 page et demie in-8 au crayon).