Après ses tentatives d’évasion.
Le capitaine de Gaulle s’évade du camp de Rosenberg le 15 octobre avant d’être repris dix jours plus tard. Il est alors puni de soixante jours d’arrêts et de trois semaines de prison à la prison militaire de Passau. Le 30 octobre, il essaie une nouvelle fois de s’échapper mais est repris aussitôt. Il est alors transféré dans le camp de prisonnier d’Ingolstadt en novembre 1917.
[Novembre ou début décembre]. « Comme vous le voyez à l’en-tête de ma lettre, je suis revenu à Ingolstadt et au Fort 9. Je m’y attendais du reste depuis plusieurs semaines et vous l’avais fait pressentir. Ce changement ne me chagrine aucunement, au contraire. J’ai retrouvé ici un grand nombre des bons camarades que j’y avais laissés, et nous verrons venir l’hiver sans excès de tristesse et d’ennui, ce qui, dans notre situation, est, n’est-il pas vrai ? l’essentiel. »
Plus loin, il avoue avoir « des préoccupations à votre sujet, ma bien chère Maman, et aussi au sujet de Papa. Je voudrais être certain que vous vous fatiguez physiquement et moralement le moins possible, et que vous vous accordez à cause de cela plus de repos qu’en temps de paix. Je pense le cœur serré que vous allez passer cet hiver bien seuls à la maison »…
La dernière partie de la lettre comporte des mots soulignés au crayon ; il s’agit probablement d’un code afin de se faire expédier des éléments nécessaires à une future évasion : « Nous voilà encore, d’après ce que je vois, préoccupés d’examens nouveaux dans la famille. Notre Pierre, m’écrivez-vous, travaille beaucoup et vous craignez que sa fatigue augmente, cela ne me surprend guère, car je sais par expérience combien il est malaisé de réussir cet examen. Un jour sans doute son application et sa confiance en lui croissant avec le succès, il pourra nourrir l’espoir de mener vraiment le train. Il est en garde maintenant contre le surmenage et n’y sera pas repris j’espère. Dans votre lettre du 27 octobre vous vous inquiétez du paquet de nouilles, mais ma carte envoyée le 19 novembre vous apprendra qu’il est sauvé. Par contre j’attends encore l’uniforme annoncé »…
9 décembre. « Nous continuons ici d’être sans nouvelles régulières de vous et sans paquets. J’ai toutefois reçu de M.A. un mot du 25 novembre où elle m’annonce que le petit Michel a dû subir une nouvelle intervention du chirurgien et un mot du 28 où elle me dit que tout va bien maintenant pour le cher bébé. » Il demande également à ses parents de faire parvenir 100 Marks « calculés sur le change du jour, car je les ai empruntés au Capitaine pour ce que vous savez [probablement son évasion] et je suis séparé de lui. »
LNC, I, p. 334 à 336.