Brouillon très raturé et corrigé à la sœur de Jean Moulin.
« Votre lettre m’a vivement touché. Jean Moulin, votre héroïque frère, était par excellence, mon bon compagnon et mon ami. C’est parce que nous avions l’un et l’autre et en toute connaissance de cause une confiance entière que je l’avais choisi et désigné pour agir et parler, en mon nom et au nom du Gouvernement dont il était membre, sur notre territoire non encore libéré. C’est pour la même raison qu’il avait, de toute sa foi, accepté de le faire. Nos entretiens et nos travaux communs à Londres, comme les rapports qu’il m’adressait de France et les instructions que je lui envoyais, jusqu’au jour même où l’ennemi l’a saisi pour le torturer et l’abattre, ont été l’expression éclatante de cet accord et de cette confiance. C’est dire quel mépris méritent les contorsions calomnieuses de ceux qui, aujourd’hui, voudraient exploiter à leur profit de partisans ou d’arrivistes, contre nos compagnons et moi-même, la pure gloire de Jean Moulin »…
LNC, II, p. 816.