Intéressant dossier sur l’élaboration d’un article sur le citoyen-soldat et le militaire.
Cet article publié dans la Revue de l’Infanterie le 1er avril 1929 a fait l’objet d’une mise
au point complexe.
* Manuscrit de premier jet et de travail, à l’encre noire et violette, abondamment
raturé et corrigé, avec d’importants passages biffés ; presque chaque phrase a été
rayée puis refaite. Il est paginé 1-20 ; la page 2 manque. C’est une première version,
plus longue et très différente du texte définitif. Citons le début, difficilement mis au
point : « Pas un siècle ne s’est écoulé, sans que le monde ait reçu la détestable visite
de la guerre. Pas un peuple n’a pu naître, grandir, mourir sans porter le fardeau des
armes. Hélas ! la lutte est l’Histoire des hommes. Mais on ne s’habitue pas au malheur »…
* Tapuscrit de travail avec d’importantes additions autographes, paginé de 0
à 22 (avec quelques pages non chiffrées ; manquent les p. 4, 5, 15), avec 5 pages
entièrement autographes ajoutées. Le texte est encore très différent de l’article.
Certaines pages du tapuscrit ont été découpées, d’importants passages ont été
biffés, de nombreuses corrections et additions autographes ont été portées sur la
dactylographie, avec des développements importants sur des feuillets autographes,
comme celui-ci : « C’est donc des forces morales du soldat que vont sortir cette
acceptation du sacrifice, cette constance dans l’épreuve, cette liaison de l’effort à
celui des autres qui sont le ressort de l’action guerrière. Mais les sources du moral
sont extrêmement variées, et on ne peut prétendre imposer au combattant des
tâches identiques – quelle que soit son origine. S’il est vrai qu’à la guerre l’emploi des
moyens est dominé par quelques principes valables en tous temps et en tous pays,
il ne l’est pas moins qu’on n’aurait pu faire combattre un Athénien du Ve siècle avant
notre ère comme un Immortel de Darius, un légionnaire de César comme un Gaulois
de Camulogène, un milicien de Philippe-Auguste comme un mercenaire allemand, un
Autrichien de Cobourg comme un volontaire de 93, un mobile de 1870 comme un
zouave de Magenta, un Anglais de 1914 comme un Français de la Marne. Les dispositions
prises par le chef : missions données, choix du lieu, du moment, de la mesure, de la
forme de l’effort, sont constamment dominées par les dispositions morales du soldat ».
On joint un autre tapuscrit avec quelques corrections et additions autographes au
crayon, et des corrections et annotations par Émile Mayer (14 p.).
Un titre « Introduction » a été porté en tête au crayon ; peut-être de Gaulle songeaitil
à mettre ce texte en tête de Vers l’armée de métier.
Articles et écrits, p. 131-141. Le Fil de l’épée et autres écrits, p. 649-657.