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"J’appréhende la peinture comme un discernement d’états émotionnels, dictés par la lumière; sa couleur, son poids, substance, sa légèreté ou lourdeur." / "I apprehend painting as a discernment of emotional states, dictated by light; its color, weight, substance, lightness or heaviness."

Christine Safa, entretien avec Elsa Meunier

FR

Le travail de la couleur - à partir de pigments purs broyés puis mélangés à l’huile - rattache la pratique de Christine Safa à l’héritage des Primitifs italiens du XVe siècle comme à l’éclat des fresques retrouvées dans les villas pompéiennes peintes au Ier siècle avant J.-C. La singularité de la surface de ses peintures, préparée à la poudre de marbre traditionnellement présente dans la composition des enduits peints, rappelle la surface douce et dure de ces fresques anciennes.

Parfaitement consciente de la fugacité du temps, Christine Safa tend à doter d’une mémoire ce qui est voué à l’effacement, à la disparition. Lumière du soleil levant, douceur de l’étreinte, floraison d’un bouquet, rien ne dure. L’artiste dépose des instants immatériels et fugitifs sur son support avant qu’il ne sèche, avant sa prise complète comme on le dirait d’un enduit. Le séchage donne à la surface l’allure d’un calcaire solide. La peinture devient pierre. L’éphémère se retrouve scellé, "emprisonné" dans la surface.

(extrait d'un texte de Laure Forlay).

EN

Christine Safa's work with color - using pure pigments ground and mixed with oil - links her practice to the heritage of the 15th-century Italian Primitives, as well as to the brilliance of the frescoes found in Pompeian villas painted in the 1st century BC. The uniqueness of the surface of her paintings, prepared with the marble powder traditionally used in the composition of painted plaster, recalls the soft, hard surface of these ancient frescoes.

Perfectly aware of the transience of time, Christine Safa tends to endow with a memory what is doomed to erasure, to disappearance. The light of the rising sun, the softness of an embrace, the blossoming of a bouquet - nothing lasts. The artist deposits immaterial, fleeting moments on his support before it dries, before it sets completely, as one might say of a coating. Drying gives the surface the appearance of solid limestone. Paint becomes stone. The ephemeral is sealed, “imprisoned” in the surface.

(excerpt from a text by Laure Forlay).