Paris, Galliot du Pré, février 1525 (1526, n.s.).
In-8, maroquin janséniste marron, dos à 5 nerfs, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Trautz-Bauzonnet).
Bechtel, 437/L-208 // Brunet, III-965 // Delisle, Chantilly, 1897 bis // Fairfax Murray, 547 // Renouard, ICP, 899 et 900 // Tchemerzine-Scheler, IV-168-b // USTC, 29072.
(104f., les deux derniers blancs) / A-N8 / 25 lignes, car. goth. / 104 × 167 mm.
Édition originale rare dont il existe plusieurs tirages.
Ce recueil, dont le privilège indique qu’il contient plusieurs œuvres en rhetorique, rassemble cinq parties :
- Les trois Comptes de Cupido et d’Atropos, en vers, dont le premier serait une traduction par Jean Lemaire de Belges (1473-1524) d’un poème de l’italien Serafino Ciminelli dall’Aquila (1466-1500), sans que rien ne le confirme ; les deux autres seraient des œuvres originales de Lemaire de Belges. Le propos est une discussion entre l’Amour et la Mort qui s’enivrent de concert et, échangeant par erreur leurs carquois au sortir de la taverne, créent la confusion et le chaos chez les humains (Mort et amours sont lourz
ク imprudens / Sans raison nulle et tous deux aveuglez).
- Les Epitaphes de Hector filz de Priam, composition en vers et en prose de Georges Chastelain (1415 ?-1475), poète flamand et historiographe des ducs de Bourgogne, l’un des grands rhétoriqueurs de son temps.
- Le Temple de Mars de Jean Molinet (1435-1507), oncle et précepteur de Lemaire de Belges et secrétaire de Chastelain. Ce poème, en 40 huitains, dénonce les ravages de la guerre : Que gaignez vous a servir guerre dure / Sinon froidure, o champions gentilz / Ne scay comment teste ne corps vous
dure / De chault, dardure, de pouldre ク dordure…
- Diverses pièces en vers de Guillaume Crétin (ca 1460-1525) : chants
royaux, rondeaux, ballades, épitres, dont Le Plaidoye de lamant douloureux, une Oraison a saincte genevieve et une Invective contre la guerre papale. Chacune de ces pièces se termine par la devise de Crétin Mieux que pis.
- L’apparition du bon chevalier sans reproche feu messire Jaques de Chabannes, de Guillaume Crétin, long poème à la gloire de Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice, maréchal de France et héros des guerres d’Espagne et d’Italie, mort au combat lors du désastre de Pavie le 24 février 1525.
Ce recueil mêlant des vers guerriers à d’autres amoureux parut en février 1526 (1525 selon les colophons datés suivant l’ancien style) chez Galliot du Pré. On connaît sous cette date trois (ou quatre ?) tirages distincts qui ne diffèrent que par de légers détails dans la composition du titre et/ou du colophon, certains mentionnant Antoine Couteau comme imprimeur, sans que le contenu semble présenter de variantes significatives et sans qu’on puisse vraisemblablement donner une priorité à l’un ou à l’autre. Il semble qu’il y ait confusion entre les trois tirages décrits dans Tchemerzine-Scheler (168).
Notre exemplaire a appartenu aux bibliothèques La Roche Lacarelle puis Lignerolles. D’après ces deux catalogues, pourtant minutieusement rédigés, le prénom de Chastelain est écrit Georges (et non George) sur le titre, et le colophon comporte la mention nouvellement imprime a Paris par Antoine Cousteau pour Galiot du Pre alors qu’il est en réalité rédigé ainsi: Nouvellement îprimees a Paris pour Galliot du pre.
Titre imprimé en rouge et noir et marque de Galliot du Pré (Renouard, n° 261) à la fin du volume (f. N6r). Le second feuillet est orné d’un beau bois représentant Éros couronné et les yeux bandés, à qui une femme offre une clé.
L’exemplaire, grand de marges et comportant de nombreux témoins, porte sur le titre un fantôme d’ex-libris manuscrit ancien illisible. On relève d’autres inscriptions anciennes, lavées, au verso du feuillet orné de la marque du libraire et au recto du premier feuillet blanc. Une correction à l’encre au feuillet G6r.
Infime décoloration en tête du premier plat. Habile restauration marginale aux 4 premiers feuillets.
Provenance :
Baron Sosthène de La Roche Lacarelle (30 avril-5 mai 1888, n° 229) et comte Raoul de Lignerolles (II, 5-17 mars 1894, n° 1.405).