Paris, 1762-1763
De forme ovale à contours, posant sur quatre pieds à enroulements feuillagés ; le décor à rocailles et coquilles ; les porte-flacons, ornés de branches d’olivier, les supports vissés sur le plateau. Au centre, la prise, formée de deux dauphins entrelacés ciselés d’écailles au naturel, la tête en bas, la chute d’eau se déversant dans une coquille, les fixations à vis
Sur deux côtés, les armoiries exécutées postérieurement par les Odiot, sont appliquées et vissées d’un cartouche aux armes de Louis-Philippe duc d’Orléans (1773-1850) futur Louis-Philippe 1er roi des Français
Les armoiries de Louis-Philippe : D’azur à trois fleurs de lis d’or au lambel d’argent, surmontées de la couronne de prince du sang avec les colliers des ordres du roi
Les poinçons - Sur les bassins : Maître orfèvre, Edme-Pierre Balzac (fleur de lis couronnée, deux grains, lettres EP/B et une quintefeuille) ; Jurande, lettre Y couronnée, pour juillet 1762 - juillet 1763 ; Charge, deux branches de laurier entrelacées, pour or et menus ouvrages d’argent, 1762-1768 ; Décharge, une tête de braque, pour or et menus ouvrages d’argent, 1762-1768
Sur les porte-flacons : Décharge, une tête de braque, pour or et menus ouvrages d’argent, 1762-1768 ; Contrôle, un charançon, pour argent importé des pays contractants depuis 1864
Sur une des prises en dauphin : Contrôle, un charançon, pour argent importé des pays contractants depuis 1864
Les flacons et bouchons manquants ; accident et restaurations
H. : 11,5 cm (4 ½ in.)
l. : 32,5 cm (12 ¾ in.)
L. : 18 cm (7 in.)
Poids brut : 2 Kg 226 et 2 Kg 175
Provenance :
Probablement Henry Janssen (1701-1766) ;
Louis-Charles de Bourbon, comte d’Eu entre environ 1760 et 1775 ;
Son cousin, Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre (1725-1793) ;
Sa fille, Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon Penthièvre (1753-1821), épouse de Philippe-Egalité, duc d’Orléans
(1747-1793) ;
Confiscation révolutionnaire du service, restitué à la duchesse d’Orléans en 1797, puis reconfisqué et restitué définitivement aux Orléans en 1814 ;
Par succession à Louis-Philippe d’Orléans, roi des Français en 1830 ;
Par descendance à Emmanuel d’Orléans, duc de Vendôme (1872-1931) ;
Sa veuve Henriette, duchesse de Vendôme (1870-1948) et ses héritiers ;
Et postérieurement, collection privée française.
Bibliographie :
M. Bimbenet-Privat, et al. Le Service Penthièvre-Orléans. Orfèvrerie de la Renaissance et des temps modernes, XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles / La Collection du Musée du Louvre, Faton, 2022, vol. 2, p. 9-15.
G. Mabille, L’orfèvrerie Française des XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, Musée des Arts Décoratifs, Flammarion, 1989.
G. Mabille, Le Service Penthièvre-Orléans, cat. exp. Versailles et les Tables Royales en Europe / XVIIème - XIXème siècles, 3 novembre 1993 - 27 février 1994, Réunion des Musées Nationaux, p. 275.
Catalogues de ventes :
Sotheby’s, Royal French Silver / The Property of George Ortiz - New York, 1996.
Sotheby’s, Robert de Balkany - Paris, 2016.
A pair of silver oil cruet frames, from the royal Penthievre-Orleans service, by Edme-Pierre Balzac, Paris, 1762-1763
Edme-Pierre Balzac :
Orfèvre privilégié suivant la Cour ; reçu maître orfèvre en 1739, il fait insculper deux poinçons, l’un pour l’or, le second pour l’argent ; dix ans plus tard il cède son privilège à son frère Jean-François.
Il demeure en 1743 sur le Pont-au-Change et à partir de 1749, rue Saint-Barthélemy ; en 1753, il connait des difficultés et doit déposer son bilan, il va apparemment surmonter ces difficultés rapidement.
Certaines de ses créations sont ornées de sujets animaliers remarquables, et de décors rocaille d’une très grande maîtrise.
En 1766, il serait probablement le créateur d’une machine à imprimer les couverts à filets. Il vit encore en 1781 en province.
Ses pièces sont représentées dans le service Penthièvre-Orléans, et les plus grands musées du monde ont acquis ses œuvres, tels que le Louvre, le Metropolitan Museum of Art et le Musée de l’Ermitage, et elles apparaissent dans de prestigieuses collections privées, telles que David-Weill et Puiforcat.
Les pièces d’Edme-Pierre Balzac provenant du service Penthièvre-Orléans :
- Paire de terrines, 1757-1759 (pour une le plateau manquant), Metropolitan Museum of Arts
(cfr. Fig. 1) ; la seconde, (le plateau, 1763-1764), musée du Louvre, (Sotheby’s 20 juin 1992, lot 23)
- Paire de rafraîchissoirs (cfr. Fig. 2), 1757-1760, collection privée (Sotheby’s Monaco, 24 juin 1976, lot 51)
- Paire de seaux à bouteille (cfr. Fig. 3), 1759-1760, (les doublures par Charles-Nicolas Odiot, 1819-1823)
- Deux paires de pots à oille, 1758-1759, pour une, musée du Louvre (cfr. Fig. 4), la seconde, collection privée
- Quatre bassins d’huiliers : pour deux, 1760-1761, (l’un (cfr. Fig. 5) publié dans, Bimbenet-Privat, et al. Orfèvrerie de la Renaissance et des Temps Modernes / XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles / La Collection du Musée du Louvre édition Faton, vol.2 - p.69, collection privée ; (le second (cfr. Fig. 6) sans les porte-flacons, publié dans le catalogue Sotheby’s New York, Royal French Silver, the property of George Ortiz, 13 novembre 1996, p.57, Fig.12, collection privée) ; Référence pour un, indiqué comme collection Santa Marina, Buenos Aires, 1968 : El arte de vivir en Francia del siglo XVIII en las colecciones argentinas, Buenos Aires, Museo Nacional de Arte, Decorativo, 1968. n°306
Et la paire que nous présentons, 1762-1763, collection privée.
Le service Penthièvre-Orléans :
Le service Penthièvre-Orléans témoigne de l’opulence et de la splendeur de l’orfèvrerie de Cour au milieu du dix-huitième siècle, et du talent et de la virtuosité inégalée des grands orfèvres, Thomas Germain, Claude Ballin II, Edme-Pierre Balzac, Antoine Sébastien-Durant, Robert-Joseph Auguste.
Ses formes et décors expriment toute la richesse de l’art rocaille jusqu’à son épanouissement ; son vocabulaire associe des motifs naturels, végétaux, fleurs, rocailles au contours chantournés, des volatiles, des poissons, du gibier qui se chargent de résonances culturelles puisque repris par les grands peintres animaliers.
Le service Penthièvre-Orléans correspond à travers les aléas des saisies révolutionnaires au seul ensemble cohérent qui est parvenu jusqu’à nous ; ses rares et exceptionnelles pièces aujourd’hui se partagent entre les plus grands musées et quelques prestigieuses collections privées.
Des parts d’ombre subsistent autour du premier commanditaire et destinataire du service, Henry Janssen (1701-1766), riche anglais d’origine hollandaise, installé à Paris dont le nom est avancé notamment en raison de l’identification de ses armoiries gravées au revers de la cloche (couvre-plat) du service Penthièvre-Orléans, par Sébastien Durant, Paris, 1750-1752, provenant de l'ancienne collection Robert de Balkany (cfr. Vente Sotheby's Paris, le 20 septembre 2016, lot 97).
Par la suite le service a appartenu aux petits fils de Louis XIV et de madame de Montespan, Louis-Charles de Bourbon, comte d’Eu (1701-1775) et de son cousin et héritier Louis-Jean-Marie de Bourbon duc de Penthièvre ; on doit s’arrêter sur la personnalité éminente de ce prince, fils unique du comte de Toulouse et de son épouse Marie-Victoire de Noailles, le jeune duc de Penthièvre, né en 1725 au château de Rambouillet est nommé Amiral de France dès 1734.
À la mort de son père en 1737, il lui succède dans ses charges civiles et militaires ; il s’illustre notamment à Fontenoy (1745) au cours de la guerre de succession d’Autriche.
À leur disparition, il recueille les immenses patrimoines de ses cousins, le prince de Dombes et le comte d’Eu ; ses revenus qui atteignent six millions de livres par an en fait un des hommes les plus riches d’Europe, on ne compte plus ses duchés, Rambouillet, Aumale… ses demeures, Anet, Sceaux… à Paris, l’hôtel de Toulouse.
Il est gouverneur de Bretagne, grand veneur de France, charge importante de la Maison du Roi, et chasse avec son parrain Louis XV. Grand collectionneur, il expose dans ses intérieurs des œuvres d’Alexandre-François Desportes et Jean-Baptiste Oudry, dont certains thèmes reprennent des motifs d'orfèvrerie.
Populaire, réputé pour sa bonté et sa générosité, le duc de Penthièvre entretient une foule de miséreux, construit des hôpitaux dont celui de Saint-Jacques des Andelys en 1781, ses qualités lui permirent de finir ses jours en 1793 au château de Bizy dans l’Eure, sans être inquiété durant la Révolution.
À sa mort, le service passera à la seule fille subsistante de ses enfants, Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon (1753-1821), mariée en 1769 à Louis-Philippe-Joseph d’Orléans (1747-1793), duc d’Orléans en 1785, le célèbre « Philippe Égalité ».
Dès 1793, la duchesse d’Orléans qui n’avait pas émigré fut arrêtée, et des confiscations et des saisies d’orfèvreries destinées à la fonte se succédèrent dans ses demeures, épargnant néanmoins des pièces de forme.
Sous le Directoire, l’héritière du duc de Penthièvre retrouva une partie de ses biens, et dans ce domaine précis, un quart de l’orfèvrerie d’origine.
Des aléas politiques résultèrent d’autres confiscations, et ce n’est qu’en 1814 que lui furent restituées les pièces d’orfèvrerie restantes.
À la mort de la duchesse d’Orléans en 1821, son fils Louis-Philippe, futur roi des Français en 1830 en hérite.
Notes
- Description des huiliers à la Révolution, d’après les archives de la Maison de France en 1794 et 1797
- Description de la vaisselle de feu le duc de Penthièvre à l’hôtel de Toulouse
Le 9 floréal an II (28 avril 1794)
N° 30 Un étui : deux porte-huiliers représentant une pêche avec leur bouchons
N° 31 Un étui : deux porte-huiliers et leurs bouchons représentant de même pêche
- Pesée à la Monnaie de la vaisselle de l’hôtel de Toulouse
Le 12 floréal, An II, l’ensemble est porté à la Monnaie (1er mai 1794)
N° 34 : 86 marcs 3 onces 6 gros : poids total pour deux salières représentant des rocailles et ayant un enfant au milieu, quatre porte-huiliers avec ornements et quatre saucières
- État et poids du « Grand Service »
23 juillet 1797
Qui est une proposition de restitution à la veuve d’Orléans
Quatre huiliers ornés de dauphins avec bouchons de carafes
Marcs : 38/7/2,5