En porphyre d'Égypte, ornementation de bronze ciselé et doré d'époque Louis XV, vers 1730, le couvercle amovible surmonté d’une prise à décor d’agrafes et volutes feuillagées, le corps flanqué d’anses en enroulement, reposant sur un piédouche
H. : 56 cm (22 in.)
l. : 57 cm (22 ½ in.)
Provenance :
Ancienne collection privée, Europe du Nord.
A pair of late Louis XIV gilt-bronze mounted and Egyptian porphyry vases and covers, the mounts Louis XV, circa 1730
Cette extraordinaire paire de vases couverts aux proportions remarquables a été fabriquée en porphyre rouge impérial provenant des carrières du Djebel Dokhan en Égypte, dans le désert montagneux entre le Nil et la mer Rouge. La pierre de nos vases sortait de la carrière nommée Rammius, qui - dans la période Romaine, appartenait aux empereurs, qui avaient le privilège d’importer cette pierre précieuse à la capitale de l’Empire.
Par la qualité et la couleur du porphyre, uniforme et constante, que l’on retrouve sur nos exemplaires, nous pouvons déduire que le porphyre est issu d'un seul bloc provenant très probablement d'un ancien fragment architectural de la Rome impériale, tel qu'une colonne, une baignoire ou un sarcophage.
À partir du XVIIe siècle, et cela tout au long du XVIIIe siècle, les œuvres en porphyre sont synonymes de luxe absolu ; elles sous-entendent une réelle érudition et sont accessibles seulement aux collectionneurs les plus puissants et les plus fortunés. Les vases comme ceux que nous présentons aujourd’hui n’apparaissent que dans des collections très importantes. On en retrouve en effet chez l’épouse de Charles Ier à Whitehall, chez la reine Christine de Suède, chez les Habsbourg, la famille royale d’Espagne, à Madrid, ainsi que dans les collections royales françaises, de loin les plus riches, grâce aux commandes de Louis XIV, enrichies des deux apports significatifs des cardinaux Mazarin et Richelieu.
Extrêmement rares dans les collections publiques, les modèles les plus semblables aux nôtres se trouvent dans les prototypes antérieurs de certains vases du Louvre à Paris, comme ceux (cfr. Fig. 1) de la collection du Cardinal Mazarin (inv. OA9219 et OA9220) publiés dans D. del Bufalo, Porphyre, II, p. 146 n° V58, ou encore dans le vase provenant de l’ancienne collection de Louis XIV (cfr. Fig. 2) et également conservé au musée du Louvre (inv. 5204) et publié dans ibid., p. 146-147 n° V60.
La modèle de nos vases correspond aux formes Louis-quatorziennes, tandis que les ornements en bronzes dorés, qui s’adaptent parfaitement à la prise du couvercle et au niveau de la panse, sont davantage datables du début de l’époque Louis XV, vers 1730.
En effet, compte tenu du niveau de sophistication, de la qualité et du progrès technique de la production en bronze doré au cours du XVIIIe siècle, des précieuses montures en bronze doré étaient commandées par des collectionneurs fortunés afin d’agrémenter leurs œuvres. Les montures que l’on retrouve sur cette paire de vases, sont donc une illustration précise de l’appréciation continue que les objets en porphyre connaissaient auprès des élites de l’époque, et cela tout au long du XVIIIe siècle.
Nous remercions le professeur Dario del Bufalo pour son aide dans la rédaction de cette notice.