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Frémyn Roussel (fl. c. 1560-1570), France, troisième quart du XVIe siècle
Charon recevant le paiement pour le passage aux Enfers, probablement le voyage de Psyché aux Enfers
Estimation:
€30,000 - €50,000

Lot details

Frémyn Roussel (fl. c. 1560-1570), France, troisième quart du XVIe siècle
Charon recevant le paiement pour le passage aux Enfers, probablement le voyage de Psyché aux Enfers

Bas-relief en marbre

H. : 32,5 cm (12 ¾ in.)

l. : 43 cm (17 in.)


Bibliographie comparative :

S. Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l’Ecole française du moyen âge au règne de Louis XIV, 1898, pp. 497- 498.

D. Cordellier et al., Primatice, Maître de Fontainebleau, exh. cat., Musée du Louvre, Paris, 2004.


A carved white marble relief depicting Charon receiving Payment for Passage into the Underworld, probably Psyche’s Journey to the Underworld, Frémyn Roussel (fl. c. 1560-1570), France, third quarter of the 16th century


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Frémyn Roussel fait partie de la génération de sculpteurs français qui, sous l’impulsion de Germain Pilon (v. 1525-1590) et de Ponce Jacquiot (v. 1515-1571), définit le style sculptural lié à l’école de Fontainebleau, résidence royale située au sud-est de Paris qui fut considérablement agrandie et richement décorée au cours du XVIe siècle. Le projet a été principalement supervisé par le peintre et architecte bolonais Francesco Primaticcio (1503-1570), qui avait été appelé à Paris par François Ier de Valois (1494-1547) vers 1533 et qui est resté au service de ses successeurs - Henri II (1519-1559) et sa veuve, Catherine de Médicis (1519-1589), régente de leurs fils François II et Charles IX -jusqu’à sa mort

en 1570.

 

Roussel, dont les origines restent inconnues, est mentionné pour la première fois en relation avec le travail de Primaticcio à la cour de France dans un paiement de 1561 pour des modèles non spécifiés destinés au monument funéraire d’Henri II et de Catherine de Médicis à Saint-Denis (loc. cit.,

p. 426), achevé entre 1560 et 1573. En 1564 et 1565, Roussel est rémunéré pour une figure de Génie funéraire (musée du Louvre, MR 1585 ; N 15075), commandée dans le cadre de la réalisation du tombeau du cœur de François II d’après les dessins de Primaticcio.

 

Destinée à l’origine à la cathédrale d’Orléans, la châsse fut commencée en 1563 mais jamais achevée, et seule une partie fut finalement érigée dans le couvent des Célestins à Paris, tandis que le Génie fut placé à Saint-Denis.

 

Le nom de Roussel apparaît à nouveau dans les registres de la cour en 1565 et 1566, lorsque l’artiste est payé pour un bas-relief en marbre représentant la Charité qui orne le soubassement du tombeau de Henri II et de Catherine de Médicis à Saint-Denis (cfr. Fig. 1). Les sources d’époque attestent également de la présence de Roussel au château de Fontainebleau, pour lequel il sculpte quatre figures d’enfants dans la Cour du Cheval Blanc et deux personnifications monumentales de la Religion et de la Justice pour l’Aile de la Belle Cheminée (toutes non retrouvées).

 

La Charité constitue le principal point de référence pour l’attribution de notre relief. Le « groupe » avec la figure féminine et les deux putti de part et d’autre de celle-ci dans le coin droit du panneau du monument funéraire est répété presque à l’identique dans Charon recevant le paiement pour le passage aux Enfers, et des échos des trois infirmes de la Charité sont perceptibles dans les positions de Charon et de son compagnon. L’iconographie de la figure féminine accroupie sur le côté - avec un corps allongé, de petits seins et des hanches larges - est dérivée des dessins de Primaticcio et de la tradition du maniérisme florentin, qui représentent des aspects clés de l’ADN de l’école de Fontainebleau. Des parallèles peuvent être également trouvés dans les trois reliefs de Germain Pilon pour le même monument funéraire (Foi, Espérance et Miséricorde), ainsi que dans les gravures produites en France au cours du XVIe siècle, comme une Danaé d’après Primaticcio par Léon Davent (conservé au Metropolitan museum, New York).

 

Le sujet de notre relief est certainement le passeur aux Enfers de la mythologie grecque et romaine, Charon, qui se fait payer son passage par une jeune femme. Cette dernière représente vraisemblablement Psyché, dont l’histoire est racontée dans le roman de l’écrivain romain Apulée, L’âne d’or. Éprise de Cupidon, Psyché fut contrainte par sa mère Vénus de subir une série d’épreuves destinées à décourager son amour pour lui. La dernière tâche imposée par la déesse consistait à récupérer aux Enfers un grain de la beauté de Proserpina, chose apparemment impossible pour un mortel tel que Psyché. Avec l’aide d’une tour parlante, la jeune fille découvrit comment atteindre le royaume de Pluton et demander le passage à Charon le passeur, moment immortalisé dans le présent relief. Après d’autres tribulations, Psyché

se vit enfin accorder l’immortalité

par Jupiter et retrouva son bien-

aimé Cupidon.

 

En raison de son lien thématique avec les Enfers, il est possible que le présent panneau ait été conçu dans le contexte d’un monument funéraire, mais sa qualité narrative suggère également qu’il aurait pu à l’origine faire partie d’un intérieur décoratif relatant l’histoire de Psyché. L’amour de l’Antiquité et des mythes anciens était cultivé à la cour de France depuis le règne du roi François Ier, qui commanda à Primaticcio, et à son prédécesseur Rosso Fiorentino (1494-1540), une série de fresques et d’ornements allégoriques et mythologiques.

Par exemple, dans la galerie d’Ulysse à Fontainebleau - qui a été détruite en 1738-39 mais qui est en partie documentée par des dessins, des gravures et des copies - Primaticcio a conçu un programme narratif qui s’étendait à cinquante-huit épisodes de l’Odyssée d’Homère le long des murs, et à des images de dieux antiques dans des médaillons ovales au plafond, peints entre le milieu des années 1540 et le milieu des années 1560. Des gravures d’après les médaillons et un dessin autographe du maître potentiellement lié à ces médaillons montrent qu’en termes de forme et de composition des figures, il existe des similitudes entre l’œuvre de Primaticcio dans la Galerie d’Ulysse et le présent relief, ce qui confirme son lien étroit avec le monde de Fontainebleau.

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