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Attribuée à Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), France, vers 1860
Caïn
Estimate:
€8,000 - €12,000
Sold :
€27,340

Complete Description

Attribuée à Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), France, vers 1860
Caïn

Maquette en terre cuite

Un agneau gît à ses pieds ; reposant sur une base entièrement modelée

H. : 26 cm (10 ¼ in.)


Provenance : Vente Sotheby’s Londres, le 9 juillet 2008, lot 162.


Bibliographies comparatives :

A. Middleton Wagner, Jean-Baptiste Carpeaux Sculptor of the Second Empire, New Haven and London, 1986

A. Hardy, A. Braunwald, Catalogue des Peintures et Sculptures de Jean-Baptiste Carpeaux à Valenciennes, Valenciennes, 1978.


A terracotta maquette of Cain, attributed to Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), France, circa 1860


*Information aux acheteurs :

Lot en provenance hors CEE : aux commissions et taxes indiquées aux conditions générales d'achat, il convient d'ajouter la TVA à l'import (5,5% du prix d'adjudication).

*Information to the buyers :

Lot from outside the EEC : an import tax (5,5 % of the hammer price) will be due, in addition to the commissions and taxes indicated in the general conditions of purchase.


James Draper a confirmé l’attribution à Carpeaux après examen de visu en 2019 à New York.

James Draper confirmed the attribution to Carpeaux upon first hand inspection in 2019 in New York.

 

Caractérisée par un style de modelage frais et intuitif, la présente esquisse en terre cuite représente vraisemblablement la figure biblique de Caïn, fils d’Adam et d’Ève, quelques instants après avoir tué son frère Abel, un acte alimenté par la jalousie parce que Dieu avait préféré l’offrande d’Abel à celle de Caïn. Le personnage se tient à côté d’un affleurement rocheux, qui pourrait représenter l’autel sacrificiel, et à ses pieds gît un agneau, l’offrande de son frère et une référence indirecte à sa mort. Reproché par Dieu pour la gravité de son acte, Caïn titube à côté de l’autel en se tenant la tête d’une main et en rejetant son poids d’un côté. Les contours audacieusement incisés de ses yeux et de sa bouche transforment son expression en une grimace d’angoisse.

 

Le traitement particulier de la surface - travailler l’argile avec un outil à bord plat, la presser pour lui donner une forme et inciser des détails tels que les doigts et les traits du visage de manière large et affirmée - rappelle fortement les maquettes de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875). Lauréat du prix de Rome en 1854, Carpeaux a absorbé en Italie la puissance visuelle et les poses gestuelles de Michel-Ange, comme en témoigne son Ugolino et ses fils. Dévoilé pour la première fois en 1860 en terre cuite, Ugolino a ensuite été exécuté en marbre et en bronze, ce qui lui a valu de nombreux éloges. Parmi les esquisses de Carpeaux qui présentent une finition similaire à celle du présent Cain, citons la Pietà en terre cuite du Metropolitan Museum de New York (2001.199), la Jeune mère pleurant son enfant au Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris au Petit Palais (PPS1595), la Première robe longue au Musée des Beaux-Arts de Valenciennes (S90-75) et, en plâtre, le Cavalier assis, également au Petit Palais (79392-25). Son Philoctète dans l’île Lemnos, un plâtre patiné de 1852 conservé à Valenciennes (S.90.16), présente non seulement un état de surface comparable à celui de la présente esquisse, mais surtout les mêmes stries sur la base.

 

La forte charge émotionnelle de la présente maquette et l’utilisation de mouvements emphatiques pour la transmettre sont également caractéristiques de Carpeaux. En outre, l’existence d’une esquisse en terre cuite sans lien avec une composition plus grande ou plus achevée dans l’œuvre de Carpeaux - comme c’est le cas ici - est largement attestée (voir le catalogue de Valenciennes, pp. 108-109).

 

La composition, unique dans l’iconographie de Caïn, peut néanmoins être rapprochée de celle imaginée par le sculpteur français Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887) en 1854 pour la manufacture anglaise de porcelaine Parian de Minton, à Stoke-on-Trent. Le cadre des deux scènes est très similaire, de même que la pose générale de Caïn, bien que dans la composition de Parian le corps d’Abel soit présent, étendu sous les jambes de son frère, et que le protagoniste semble s’avancer pour détourner les yeux, une pose différente de celle de la présente esquisse, tant dans le mouvement que dans le sentiment. À Paris, Carrier-Belleuse commence à exposer régulièrement au Salon à partir de 1850, année qui coïncide avec son départ temporaire pour l’Angleterre, d’où il revient en 1855. Les œuvres qu’il présente au Salon comprennent souvent des bustes et des groupes à sujets mythologiques ou historiques, ce qui lui vaut peu à peu une renommée considérable et de nombreux mécènes

de premier plan.

 

En raison du lien possible avec la version Minton de 1854 de Carrier-Belleuse, et de l’admiration durable pour la magniloquence compositionnelle de Michel-Ange évidente dans cette maquette, le présent Caïn peut être daté d’environ 1860, au retour d’Italie de Carpeaux. Avec sa puissance d’exécution large, rapide et assurée, il frappe surtout par son sens de la monumentalité à la fois spatiale et émotionnelle, encapsulée dans une composition de si petite taille.

 

Le choix de représenter Caïn seul - déjà adopté par le sculpteur italien Giovanni Duprè dans un marbre de 1846 conservé au musée de l’Ermitage - semble avoir annoncé la fascination du XIXe siècle pour Caïn en tant que figure individuelle et son potentiel d’exploration de l’expression du chagrin. Cette fascination est illustrée par des œuvres telles que le Caïn assis de Joseph Caillé au Jardin du Ranelagh à Paris (1871), le Caïn debout d’Henri Vidal au Jardin des Tuileries (1896) et la version accroupie d’Edwin Roscoe Mullins (1899) dans les Jardins botaniques de Glasgow.

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