Fragment de soie crème tissée d'un décor de médaillons noirs formés d'une bande pseudo-calligraphique en écriture cursive, partiellement en miroir, renfermant quatre sphinges affrontées, motifs floraux centrés sur une étoile à huit branches entre chaque médaillon.
Dim. : 34 x 16 cm
Vente aux enchères publique à l'Hôtel Drouot, Paris
Collection d'une restauratrice d'œuvres d'art, constituée dans les années 1980
Ce tissage de soie est décoré de motifs communs aux textiles médiévaux du monde islamique, de l'Iran à l'Espagne. Le schéma décoratif consiste en un semis de médaillons circulaires souvent habités d'animaux affrontés, sur un fond floral qui se répète et agrémenté d'étoiles à huit pointes. Les médaillons sont parfois ornés d'inscriptions le plus souvent en coufique, mais parfois aussi totalement décoratives de type pseudo-inscriptions tel que c'est le cas ici. Voir par exemple le lampas almoravide associé à la tombe de saint Pierre d'Osma (m. 1109) en Espagne, aujourd'hui conservé au musée des beaux-arts de Boston (33.371) et une soie attribuée à l'Iraq ou l'Iran du musée de Cleveland, datée vers 1027-1210 (Patricia L. Baker, Islamic Textiles, Londres, 1995, no. 1939.506, p.45).
Notre tissu semble se rapprocher d'un groupe de soies dont la datation a été longtemps débattue, connu sous le nom de Buyid Silks. Apparemment découvertes dans la région de Rayy en Iran, elles ont été associées au mécénat des dynastie buyide (934-1062) et seljoukide (1037-1194). Apparues sur le marché international dans les années 1920-1930, la majorité de ces soies sont en réalité postérieures à l'époque médiévale. Certaines dateraient au plus tôt de l'époque timouride, avec des exemples safavides et modernes (Sheila S. Blair, Jonathan M. Bloom et Anne E. Wardwell, " Reevaluating the Date of the "Buyid" Silks by Epigraphic and Radiocarbon Analysis ", Ars Orientalis, vol. 22, 1992, p. 1-41). Un fragment du musée de Cleveland, qui possède plusieurs dizaines de ces soies, semble particulièrement proche de notre soie (1968.73) et a été daté par C-14 de la période 1660-1955.
Les trèfles qui séparent chacun de nos médaillons semblent d'inspiration chinoise ou mongole, donnant à penser que le textile est au moins postérieur aux invasions mongoles de l'Iran au XIIIe siècle.