Signé ‘B. van der. Ast.’, en bas à droite
Roses, shells and insects on a table, oil on panel, signed, by B. van der Ast
5.51 x 9.64 in.
Galerie Leonard & David Koetser, Genève, en 1962, selon une étiquette au verso ;
Collection particulière, Floride ;
Vente anonyme ; New York, Sotheby's, 12 janvier 1979, n° 45 (adjugé $ 23 000) ;
Collection particulière, Belgique
Probablement Spring exhibition, Londres, Leonard & David Koetser, 1962
A la mort de son père en 1609, Balthazar van der Ast est accueilli dans la famille de sa sœur Maria, épouse du peintre Ambrosius Bosschaert, installé à Middelburg au moment de la prise d’Anvers par les Espagnols en 1587. De ce dernier, pionnier en la matière, il apprend l’art de peindre les fleurs dans de subtiles compositions à forte connotation spirituelle. Développant le langage de son maître, Balthazar van der Ast élargit son répertoire pictural en y introduisant de nouveaux motifs comme les coquillages ornement précieux célébré par les plus grands artistes de la première partie du XVIIe siècle. C'est d'ailleurs l'exemple que nous montre Rembrandt à travers sa célèbre eau-forte, dans laquelle il saisit le plein potentiel d'un sujet qui se suffit à lui-même. L’exotisme de ces curiosités d’au-delà des mers – symboles de la flamboyante réussite que la jeune République enregistre sur les océans – suscite une véritable fièvre acheteuse. De la même façon que les tulipes en 1637, ils font l’objet de bulles spéculatives d’envergures qui secouent l’économie néerlandaise et occasionnent un ralentissement de l’activité en plein milieu du Siècle d’or. Dans son célèbre livre d’emblèmes, le Sinnepoppen, Roemer Visscher se moque de ces collectionneurs en incluant l’épitaphe « Il est étrange de voir comment un fou dépense son argent », sous l’illustration d’un coquillage.
Bien que l’histoire de la vie économique permette de comprendre une partie de cette composition, elle laisse un voile que seule une lecture allégorique de l’œuvre est à même de lever. L’assemblage de ces motifs s’explique en effet par la symbolique du temps qui passe et qui renvoie l’homme à sa condition mortelle. La rose est peinte dans les trois états de son épanouissement – naissance, maturité et déclin – qui sont les trois étapes de la vie terrestre. Dans la même idée, on trouve la chenille qui de larve devient papillon. D’une certaine manière ces cycles font allusion à une forme d’éternité, où la vie se renouvelle sans cesse. Quant aux myosotis au premier plan, emblèmes de la mémoire, elles sont ici pour nous empêcher d’oublier cette fatalité. L’œuvre entière semble avoir été figée par le peintre, alors que tout en elle évoque le mouvement. Celui de l’évolution, de la vie vers la mort, celui du temps qui passe, soit finalement, la fragile condition de l’homme qui lui est soumis.