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Caspar RITTER (Esslingen am Neckar, 1861 - Ermatingen, 1923)
Esclave enchaîné
Estimate:
€8,000 - €12,000
Sold :
€10,496

Complete Description

Esclave enchaîné
Huile sur toile (Toile d'origine)

Signée et datée 'Casp. Ritter 1884.' en bas à gauche


Chained slave, oil on canvas, signed and dated, by C. Ritter

33.27 x 26.77 in.

68 cm x 84.5 cm
Provenance:

Vente anonyme; Stuttgart, Nagel, 10 octobre 2013, n° 742 ;

Collection particulière, Paris

Comment:

Né à Esslingen au sein d’une famille d’industriels suisses, Caspar Ritter se forme à l’école de dessin de Winterthur avant d’intégrer en 1882 l’académie de Munich, où il suit les enseignements d’Alois Gabl, Ludwig von Herterich et Ludwig von Löfftz. Enseignant à l’institut Städel de Francfort à partir de 1887, il devient professeur à l’académie des beaux-arts de Karlsruhe dès l’année suivante, poste qu’il occupe jusqu’en 1919. Fort de ses premiers succès aux expositions de Munich et Berlin, il se spécialise rapidement dans la peinture de genre et l’art du portrait, obtenant une médaille d’or à la Große Berliner Kunstausstellung de 1896. Également tenté par la peinture d’histoire, il présente une Salomé à Paris, lors de l’exposition universelle de 1900 (cat. n° 128), avant d’être fait chevalier de l’ordre de Berthold 1er par Frédéric 1er de Bade en 1902. Datée de 1884, notre toile constitue une rare œuvre de jeunesse de Caspar Ritter et témoigne de la précocité de ses ambitions artistiques. Alors âgé de vingt-trois ans, le peintre figure un jeune esclave noir à demi-nu, assis, les yeux baissés, retenu par des fers nettement visibles à son poignet droit. Alors que la draperie blanche qui lui sert de vêtement est rapidement jetée en quelques coups de pinceaux dans la partie inférieure de la toile, Ritter a finement traité la silhouette athlétique du modèle en la distinguant du sombre mur de pierre habillant le fond par l’ajout d’un subtil halo lumineux. Par cette iconographie aussi singulière qu’empreinte d’émotions, l’artiste entend offrir une puissante illustration de l’un des principaux enjeux de la conférence de Berlin, qui ouvre ses portes le 15 novembre de cette même année 1884, à l’initiative du chancelier Otto von Bismarck. Également nommée conférence de l’Afrique de l’Ouest, elle se déroule jusqu’en février 1885, réunissant l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Empire ottoman, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège ainsi que les États-Unis. Si, pour le chancelier allemand, elle a pour objectif d’assurer la liberté du commerce et de navigation sur les grands fleuves africains, le Niger et le Congo, elle remplit également une mission humanitaire plus essentielle : rappeler l’interdiction de la traite négrière et inviter les signataires à contribuer à son extinction définitive. Apostrophant le spectateur en le mettant en face des réalités barbares de la servitude, notre tableau traduit ainsi tout l’engagement de Caspar Ritter dans le combat mené contre l'inacceptable.

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