En alliage cuivreux, le profil bulbeux, cintré à la base, la lèvre droite, au décor gravé et incrusté d’argent, l’épaule décorée d’un bandeau inscrit en arabe, le corps orné de grands médaillons floraux, la base d’une belle composition calligraphique rayonnante en thuluth, l’intérieur orné d’une ronde de six poissons, le bec verseur remplacé.
Diam. : 14 cm (max)
Inscription :
« Al-maqarr al-‘ali al-maliki al-‘amili al-‘amili al-‘ali al-‘adili al-ghazi al-mujahidi al-murabiti al-muthaghiri al-ghawthi al-dhakhari al-‘anani (?) al-humami al-? al-Kamili al-kamili (répété) »
« La Haute Autorité, le Possesseur, l’Exécutant (répété), le Juste, le Victorieux, le Combattant de la Foi, le Défenseur, le Protecteur, le Libérateur, le Sauveur (..), le Vaillant (..), le Parfait (répété) »
L’identification de cette vaisselle comme une verseuse pour le vin est donnée par James Allan dans son étude d’un bol proche du nôtre, anciennement dans la collection Nuhad Es-Said (James W. Allan, Islamic Metalwork, The Nuhad Es-Said Collection, Londres, 1982, cat. 21, p.100-1). Cette attribution est soutenue par l’identification de ces bols sur des peintures timourides du XVe siècle (op.cit., p.100). Ils serviraient à transférer le vin de la jarre à vin vers le pichet. Ils semblent avoir été populaires au XIVe et XVe siècle et plusieurs exemples de ces bols-verseurs mamlouks ont survécu, suivant un même modèle à la taille modeste et au profil aplati : quatre sont au Victoria and Albert Museum, Londres (voir M.36-1915 et 1233-1883) et un au British Museum (1881,0802.22). Deux autres ont été vendus chez Bonhams, 2 octobre 2012, n° 65, et chez Christie’s, Londres, celui-ci richement décoré, le 28 octobre 2020, n° 18.
Le bec verseur de notre bol est un remplacement plus tardif. A l’origine, il aurait été plus long, s’affinant vers son extrémité comme ceux des exemples discutés ci-dessus. Il est finement décoré et son décor est incrusté de plaquettes d’argent. Sous la base, une inscription calligraphique rayonnante dénote le soin et le luxe avec lequel il a été décoré. Ce type d’inscription rayonnante se retrouve par exemple sur un bol mamlouk de taille similaire, anciennement dans la collection Aaron, qui est datable du règne du sultan Al-Nasir Muhammad Ibn Qala’un vers 1300-1340 mais sans avoir le motif de canards en vol caractéristique de la période (James W. Allan, Metalwork of the Islamic World, The Aaron Collection, London, 1986, cat. 9, p.86).