En marqueterie florale de charme teinté sur fond de palissandre, le plateau orné au centre de l’allégorie d’un Dieu Fleuve sous forme de Vieillard allongé parmi des rinceaux feuillagés déchiquetés, la bordure en érable, citronnier et charme teinté à motif de chutes fleuries au naturel, la ceinture ouvrant par un tiroir, les montants en gaine à cannelures simulées terminés par des roulettes
Marques au revers : ancienne étiquette imprimée inscrite en cyrillique «Царскосельскаго / Дворцового Правленiя141», et nombreux numéros d’inventaire
H. : 70 cm (27 ½ in.)
l. : 86 cm (34 in.)
P. : 62 cm (24 ½ in.)
Provenance :
Livrée pour le Palais de Tsarkoïe Selo ;
Très probablement vendue sur ordre du gouvernement soviétique entre la fin des années 20 et le début des années 30 ;
Collection privée suisse depuis 1935.
A Russian Imperial Neoclassical floral marquetry, rosewood, maplewood, and bois citronnier gueridon, late 18th century, attributed to Christian Meyer
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Cette élégante table de salon est une réminiscence de l’excellence du travail des ébénistes travaillant pour la haute aristocratie et la famille impériale russe et actifs à Saint Petersbourg à la fin du XVIIIe siècle.
La superbe marqueterie de notre pièce nous permet de la rapprocher du travail de Christian Meyer, considéré à juste titre comme le meilleur ébéniste de l’époque et qui travaillera activement pour la cour impériale, livrant des pièces pour l’Ermitage ainsi que pour le Château Michel, Pavlosk ou Tsarkoïe Selo.
Notre table se caractérise par une structure alliant des lignes néoclassiques sobres avec un décor très épuré, le plateau se distinguant par l’utilisation de placages de couleurs contrastant, entourant un cartouche central. Le fin travail de marqueterie du plateau mêlant rinceaux feuillagés extrêmement déchiquetés et bouquets fleuris d’un naturalisme saisissant est influencé par le travail de l’architecte Charles Cameron (1745-1812) et de l’italien Michelangelo Pergolesi, qui seront une grande source d’inspiration dans l’œuvre de Christian Meyer.
Des marqueteries comparables se retrouvent sur un certain nombre de tables livrées par Meyer pour la cour impériale (cfr. N. Guseva, T. Semyonova, Russian Eighteenth Century Furniture in the Hermitage Collection, The State Hermitage Publishers, 2015, p.330-348).
Rappelons aussi que le décor de la ceinture de notre table, ornée d’une marqueterie à motif de feuillage stylisé, se retrouve sur une paire de meubles à hauteur d’appui conçus par Christian Meyer pour le Palais d’Hiver et illustrés dans N. Guseva, T. Semyonova, Russian Eighteenth Century Furniture in the Hermitage Collection, The State Hermitage Publishers, 2015, p.374-375.
Le motif du tableau central du plateau de notre pièce est encadré de rinceaux et ornements très en vogue dans la décoration d’intérieure et que l’architecte Cameron déclinera dans beaucoup de ses projets pour les palais impériales russes (cfr. fig. 1 et fig. 2).
Quant au décor central représentant l’allégorie d’un Dieu Fleuve, très probablement le Tibre ou une autre rivière italienne, Meyer semble s’être inspiré ici par le grand nombre de gravures du XVIIIe siècle qui illustrent ce sujet (cfr. fig. 3, 4 et 5).
Comme illustré par les nombreux numéros d’inventaires et l’étiquette imprimée sous le plateau de notre table, elle fut exécutée pour le Palais de Tsarkoïe Selo, résidence d’été de la famille impériale russe, située à une vingtaine de kilomètres de Saint Petersbourg.
Le domaine impérial de Tsarkoïe Selo se compose du Palais Catherine, bâti au milieu du XVIIIe par l’impératrice Elisabeth par l’architecte italien Francesco Bartolomeo Rastrelli (1700-1771) et du Palais Alexandre, demeure Néoclassique bâtie entre 1792 et 1796 ; cette dernière sera la résidence préférée du dernier Tsar Nicolas II, son épouse, la Tsarine Alexandra et ses enfants.
L’étiquette imprimée, datable de l’entre-deux-guerres, démontre que la table se trouvait encore à Tsarskoïe Selo au début du XXe siècle.
Quant à son destin après la révolution de 1917, il est très probable qu’elle suivra le sort d’autres nombreuses pièces de mobilier impérial russe qui quitteront le pays entre 1928 et 1932 quand les autorités soviétiques organiseront des ventes massives d’œuvres d’art.