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Louis-Léopold BOILLY (1761, La Bassée - 1845, Paris)
Portraits de Madame Tallien et de sa fille dans un parc
Estimation:
€120,000 - €180,000
Sold :
€144,320

Lot details

Portraits de Madame Tallien et de sa fille dans un parc
Huile sur toile, en camaïeu de gris

Signée 'L. Boilly. Pinx.' en bas à gauche

Portraits of Madame Tallien and her daughter in a park, oil on canvas, signed, by L.-L. Boilly

Provenance:

Collection Louis-Gustave Mühlbacher (1834-1907) ;
Sa vente, Paris, Me Chevallier, 15-18 mai 1899, n° 3 ;
Vente Harland-Peck, Londres, Christie's, 16 juin 1900, n° 118 ;
Selon le catalogue Seligmann, vente L.B., 12 mai 1905, n° 2 ;
Vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, Me Baudoin, 28 novembre 1910, n° 18;
Collection Marcel Midy, Paris, en 1930 ;
Vente anonyme ; Paris, Sotheby's, 23 juin 2011, n° 94 ;
Acquis lors de cette vente par la galerie Eric Coatalem ;
Galerie Eric Coatalem, Paris ;
Acquis auprès de cette dernière par le père de l'actuelle propriétaire ;
Collection particulière, Paris

Exhibitions:

'L.-L. Boilly', Paris, Hôtel Sagan, juin 1930, nº 82, une étiquette au verso
'La Révolution française dans l'histoire, dans la littérature et dans l'art', Paris, musée Carnavalet, 1939, n° 1179
'Monochrome masterworks', Londres, Rafael Valls Ltd, 6 juin - 20 juillet 2012, n° 3
'Hommage à la galerie Cailleux', Paris, galerie Eric Coatalem, 2015, p. 20-23

Bibliography:

Henry Harrisse, 'L.-L. Boilly, sa vie, son œuvre', Paris, 1898, décrit p. 157, n° 818
Hippolyte Mireur, 'Dictionnaire des ventes d'art faites en France et à l'étranger pendant les XVIIIe et XIXe siècles : tableaux, dessins, estampes, aquarelles, miniatures, pastels, gouaches, sépias, fusains, émaux, éventails peints et vitraux', Paris, 1911, p. 269
Paul Marmottan, 'Le Peintre Louis Boilly', Paris, 1913, p. 204-205, repr. pl. LVII, p. 233
Arsène Alexandre, "L'exposition de Boilly Hôtel de Sagan", in 'La Renaissance de l'art français et des industries de luxe', n° 7, 1930, p. 201-202
'Louis-Léopold Boilly' in cat. exp. Paris, Galerie Jacques Seligmann & Fils, 1930, p. 30
André Mabille de Poncheville, 'Boilly', Paris, 1931, p. 103
'La révolution française dans l'histoire, dans la littérature, dans l'art", cat. exp. Paris, Musée Carnavalet, 1939-1942, p. 167
Hervé Oursel et Annie Scottez, "Deux portraits de Boilly et autres acquisitions", in 'La Revue du Louvre et des musées de France', n° 5-6, 1980, p. 309-311
Marie-Hélène Bourquin, 'Monsieur et Madame Tallien', Paris, 1987, p. 129, repr.
'Boilly (1761-1845)', cat. exp. Palais des Beaux-Arts de Lille, 2012, mentionné p. 167
Etienne Bréton, Pascal Zuber, 'Boilly. Le peintre de la société parisienne de Louis XVI à Louis-Philippe', Paris, 2019, vol. II, p. 581-582, n° 450 P, repr.

Comment:
Dans ce tableau traité en grisaille à l'imitation de l'estampe, Boilly représente Jeanne-Marie-Ignace Thérésia Cabarrus (1773-1835), alors épouse de Jean-Lambert Tallien, avec son enfant. D'origine franco-espagnole, Thérésia Cabarrus s'était mariée en premières noces avec le marquis Jean-Jacques Devin de Fontenay. Emprisonnée à deux reprises sous la Révolution, elle avait été libérée par Tallien, qu'elle épousa et lutta à ses côtés contre Robespierre. Elle divorça de nouveau en 1802, puis vécut une idylle avec Gabriel-Julien Ouvrard (1770-1846), un négociant fortuné, et devint finalement princesse de Chimay en 1805 lors de son ultime mariage. Femme libre, Thérésia Cabarrus était également une femme d'esprit qui tenait un salon, l'amie des artistes et une précurseur en matière de mode.
Boilly reprend ici la composition de l'un de ses tableaux peint en couleur représentant Madame Tallien seule (collection particulière). S'il conserve l'ordonnance générale de sa toile et le portrait de Thérésia, vêtue d'une longue robe blanche ceinturée sous la poitrine et coiffée à la Titus, il ajoute à ses côtés une enfant. Il s'agit probablement de la fille aînée du couple Tallien, Thermidor-Rose Tallien (1795-1862), future comtesse de Narbonne-Pelet. Étienne Breton et Pascal Zuber pensent que Boilly fit poser Madame Tallien dans le parc du château du Raincy, réaménagé à l'anglaise par l'Écossais Thomas Blaikie (1751-1838). Ce château, situé à quelques lieues de Paris, était loué depuis 1799 par Ouvrard que fréquentait Thérésia alors séparée de son époux depuis 1797. Madame Tallien est assise sur la margelle d'une fontaine dont la bouche même arbore les caractéristiques des figures de Boilly. Elle croise délicatement ses mains gracieuses et détourne le regard du spectateur, d'un air mélancolique. Le paysage visible en arrière-plan pourrait être une " métaphore des états d'âme de son modèle " : la première partie ombrageuse et semée d'embûches laissant place, une fois le pont passé, à un parc à l'anglaise éclairé d'une douce lumière. Longtemps présumée, l'attribution du portrait à Madame Tallien ne fait plus de doute aujourd'hui ; ses traits sont très proches du portrait peint par le baron Gérard vers 1805 (Paris, musée Carnavalet).
Chère à Boilly, la technique de ce tableau à l'imitation de l'estampe est un compromis innovant entre grisaille et trompe l'œil. Une quarantaine de grisailles peintes à l'imitation de l'estampe sont à dénombrer dans le corpus de l'artiste. Comme pour ce 'Portrait de Madame Tallien et de sa fille' ou le 'Portrait d'homme au verre brisé' (Saint-Omer, musée de l'Hôtel Sandelin), ces œuvres sont pour la plupart des répétitions de tableaux déjà peints en couleurs. Les modalités de représentation de notre toile sont très proches de celles de la 'Jeune Fille à la fenêtre' (Londres, National Gallery) qui reprend la composition d'un tableau présenté par Boilly au Salon de 1799. Les motifs centraux en grisaille sont entourés d'une bordure blanche, puis d'un passe-partout bleu sur lequel l'artiste a apposé sa signature en bas à gauche, à la manière d'une gravure. Cette bordure bleutée intensifie les nuances de la couleur grise et contribue à la création de l'illusion. Le processus de création de ces toiles est vraiment spécifique à Boilly qui porte la technique du trompe l'œil à un niveau de perfection jusqu'alors inégalé. En 1800, l'artiste titre l'une de ses œuvres " trompe-l'œil " dans le livret du Salon, il est ainsi le premier à transcrire ce mot qui ne sera accepté par l'Académie française qu'en 1835.

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