Comment:
Tirées de la Genèse, ces deux scènes nous séduisent par leur complémentarité. De la poétique et douce création nous passons au violent et terrifiant bannissement, à la sereine et majestueuse figure de Dieu le père s'oppose la vaillante fougue sans merci de l'Archange munie d'une lame torsadée flamboyante (typologie plus tard reprise pour les épées des maîtres francs-maçons) qui symbolise la foudre.
Pietro Ricchi exécuta une autre version de la création d'Eve1 (en collection privée florentine en 1996) avec un cadrage plus serré et Eve aux yeux clos. Nos deux toiles pourraient faire partie d'un cycle plus complet consacré à l'histoire d'Adam et Eve. En effet, une autre toile représentant Adam et Eve après le péché originel, avec les mêmes dimensions, est apparue sur le marché en 2004 (fig.1) 2.
Ne faut-il pas voir de même dans le numéro 252 du catalogue de Paolo di Poggeto3 (avec la même largeur et sans doute diminuée de 20 centimètres en partie supérieure) un autre élément d'un cycle ? La scène représentée serait plus précisément le jugement de Dieu le père avant que l'Archange ne chasse le couple.
Né à Lucca, Pietro Ricchi bénéficie de multiples influences qui nourrissent son œuvre au cours de ses très nombreux pérégrinations en de nombreuses villes lors de séjours souvent très long. Florence, Bologne, Rome, puis en France, Aix-en-Provence, Arles, Lyon et Paris avant de revenir en Italie avec de longues périodes de travail à Milan, Bergame, Brescia, Venise et enfin Udine. En raison de ses déplacements perpétuels, son corpus est complexe à comprendre et la chronologie de sa production difficile à cerner par les spécialistes.
1 - Paolo dal Poggetto, Pietro Ricchi 1606-1675, Rimini, 1996, p. 361, n° 249
2 - Vente anonyme ; Paris, Piasa, Hôtel Drouot, 5 et 6, 26 mars 2004, n°35
3 - Paolo dal Poggetto, Pietro Ricchi 1606-1675, Rimini, 1996, p. 362, n° 252.