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Originaire de Francfort, Otto Scholderer effectue ses Ă©tudes Ă la StĂ€del Hochschule fĂŒr Bildende KĂŒnste, avant de se rendre Ă Paris en 1857 pour intĂ©grer l'atelier d'Horace Lecoq de Boisbaudran. Au Louvre, il fait la rencontre de Fantin-Latour avec qui il se lie d'une indĂ©fectible amitiĂ©1, partageant une admiration commune pour les Ćuvres des maĂźtres anciens, en particulier les natures mortes de Chardin. De retour en Allemagne, au printemps 1858, Scholderer fait la connaissance de Courbet qui loue un atelier au-dessus du sien. Lorsqu'il revient Ă Paris en 1869-1870, le peintre allemand frĂ©quente assidument le cercle d'avant-garde autour de Manet et se retrouve ainsi immortalisĂ© par Fantin dans L'Atelier des Batignolles, aux cĂŽtĂ©s de Renoir, Monet, Bazille et Emile Zola (fig. 1).
Peinte en 1893, notre nature morte fut rĂ©alisĂ©e durant le long sĂ©jour que Scholderer effectua en Angleterre entre 1871 et 1899, au cours duquel il se rapprocha de Whistler. Sur un fond simple, dans des tons dĂ©gradĂ©s de brun, se dĂ©tache un bouquet de dahlias blancs et roses dans un vase, accompagnĂ© de quelques pĂȘches rĂ©unies dans une assiette. L'une d'entre elles s'est Ă©chappĂ©e au centre de la toile et se reflĂšte sur le dessus cirĂ© de la table, laissant Ă©clater ses coloris somptueusement nuancĂ©s de rouge et de jaune sur le bois sombre et lisse. Chaque Ă©lĂ©ment est minutieusement dĂ©crit, Ă travers une subtile densitĂ© de matiĂšre et de couleurs qui doivent tout autant Ă l'art de Fantin qu'Ă celui de Chardin, confĂ©rant Ă cette nature morte une singuliĂšre sensualitĂ©.
1. M. Arnoux, Th. W. Gaehtgens, A. Tempelaere-Panzani, Correspondance entre Henri Fantin-Latour et Otto Scholderer (1858-1902), Paris, 2011.