Comment:
En 1779, Madame Vigée Le Brun fut conviée au château du Raincy, demeure du duc d'Orléans, pour fixer les traits de ce prince et de sa seconde épouse, la comtesse de Montesson. Charlotte Jeanne Béraud de La Haye de Riou, comtesse de Montesson (fig. 1), défraya la chronique en entretenant une liaison avec le duc, veuf depuis 1759, même après son propre veuvage en 1769. Après des années d'insistance auprès de Louis XV, Louis-Philippe d'Orléans finit par obtenir du roi la permission d'épouser sa compagne et son grand amour. La bénédiction eut lieu à Paris le 23 avril 1773, leur union demeurant secrète et la mariée, d'une naissance plus modeste que son époux, ne prenant pas le titre de duchesse d'Orléans.
Un mémoire conservé à la fondation Custodia indique qu'Elisabeth Vigée Le Brun peignit les deux portraits originaux en présence des modèles, et que la commande comprenait également cinq répliques. Si les portraits originaux furent exécutés au pastel1, certaines des répliques le furent à l'huile et la version que nous présentons pourrait en faire partie.
Hormis les dimensions - le pastel original mesure 80 x 62 cm - cette version sur toile est très fidèle à l'effigie initiale de 1779. Le duc d'Orléans, petit-fils du Régent et père de Philippe-Egalité, surnommé " le Gros " à cause de son embonpoint, est représenté en buste, le visage de trois-quarts, arborant les décorations de l'ordre de la Toison d'or, de Saint-Louis et du Saint-Esprit.
1. Les deux se trouvent aujourd'hui dans des collections privées, voir X. Salmon, 'op. cit.', 2015, p. 212-213, n° 83 et cat. exp. Versailles, 2019, p. 57, fig. 1.