131 pages in-4 (270 x 210) sur 130 feuillets de papier machine « Navarre ».
Réunion de 5 fragments manuscrits de Céline pour son roman D’un château l’autre (publié à Paris, chez Gallimard, en 1957), rédigés au stylo à bille bleu, avec quelques indications au stylo à bille rouge.
L’ensemble représente environ 66 pages de l’édition de poche du livre chez Folio-Gallimard (1973-2003).
Les feuillets, très corrigés, présentent une version primitive du texte, avec
d’abondantes variantes, lignes et mots biffés, modifications et reprises.
Détail des fragments :
1) 51 pages sur 50 ff. (1 f. recto-verso), chiffrées de 145 à 232 (dont 3 pages en copie carbone bleue, quelques sauts dans la numérotation), la première page comportant le chiffre « 3 » au stylo rouge. Ce fragment correspond aux pages 51 à 78 de l’édition de poche Gallimard.
2) 8 pages sur 8 ff., chiffrées de 247 à 252 (2 pages en bis et ter), la première portant le chiffre « 6 », correspondant au chapitre des p. 87-88.
3) 10 pages sur 10 ff., chiffrées de 257 à 267, la première portant le chiffre « 7 », correspondant aux p. 89-93.
4°) 7 pages sur 7 ff., chiffrées de 149 à 155, la première portant le chiffre « 8 » en rouge, correspondant aux pages 148 à 153.
5°) 55 pages sur 55 feuillets, chiffrées de 1152 à 1225 (quelques sauts dans la numérotation), la première page chiffrée « 31 » en rouge, correspondant aux pages 403 à 427.
La numérotation des feuillets par Céline est parfois un peu aléatoire, plusieurs feuillets pouvant porter le même numéro, présentant généralement des versions proches du texte.
Important ensemble manuscrit de premier jet, avec une version du texte très antérieure à la version définitive, comportant de très nombreux passages inédits. L’ensemble correspond à environ un sixième du roman de Céline.
De nombreux développements et digressions ont été supprimés ou réduits, tandis que d’autres ont été développés. Le manuscrit présente l’essentiel des intrigues et des faits relatés de la version définitive. Certains noms propres sont avant leur modification, comme Paulhan, qui deviendra « Norbert Loukoum », ou Sartre, transformé en « Tartre » dans la version finale.
Le document nous permet de voir le travail stylistique de l’écrivain, comme dans ce passage où Céline règle ses comptes avec les principaux écrivains de l’après-guerre : « Le Paulhan, je le fais exprès, ça l’emmerde que je lui parle exprès du cabanon. Il y a jamais été lui, pardi !… Malraux non plus… Mauriac non plus… Claudel non plus… et le foetus Sartre !… Y a comme ça toute une clique de frimes qu’arrêtent pas de jouer les plus que durs effrayants !… qui sont que des noms, des demoiselles, tout un sacré joli ramas de tricheurs… “gratuits” pas “payeurs” !… On leur a pas secoué leur barouf, non plus, ni brûlé leurs chers manuscrits, oh ! que non !… que non ! doublets !… Somme toute ils savent rien de rien…Là-dessus publicité “tonnerre” !… et passez muscade !… les frelons tournent drôlement les rois un moment donné de décadence… ça sera pas très long qu’on couronne la première fausse bite planétaire !… » (Ms n° 4, correspondant aux p. 148-153 de l’édition de poche).
Version définitive du même passage (Cf. D’un château l’autre, édition Folio-Gallimard, pp.148-149) : « Norbert Loukoum, je le fais exprès, ça l’emmerde, je lui parle exprès du cabanon !… Il y a jamais été lui, pardi !… lui !… ni Achille [Gaston Gallimard] !… Malraux non plus… Mauriac non plus… et le foetus Tartre !… Et Larengon !… [Aragon] la triolette aux cabinettes !… comme ça toute une clique fins madrés !… l’élite “tourne-veste” !… qu’arrêtent pas de jouer les effrayants !… “Cocorico Rideau de fer !”… superbazoukas !… bombes à l’Ouest !… pétards d’Est !… […] et qui sont que des mous !… des
“retraités” de naissance… dès après le biberon, la nourrice un peu langoureuse, le cher lycée […]. »
Bon état général de conservation, quelques taches claires en bord supérieur, des bordures un peu accidentées, avec légères fentes. Papier parfois un peu jauni mais non cassant.