Imprimée sur Vélin van Gelder
64,5 x 49,7 cm la feuille
46,3 x 37,7 cm l'image
Imprimée par Fort
Édition Vollard à 250 exemplaires en 1913
Baer 2 II b - Bloch 1
Etching and scraper on van Gelder paper
25,39 x 19,57 in. (paper)
23,62 × 17,72 in. (image)
L’Histoire commence en 1904, le jeune Pablo Picasso n’est pas encore le plus grand artiste de son siècle, ce mythe indissociable du patrimoine artistique et culturel mondial. A 23 ans seulement Picasso jeune artiste débutant, maître en devenir, créé son premier chef d’œuvre de la gravure « Le repas frugal » marquant ainsi le début d’une prodigieuse carrière de graveur, le plus grand du XXe (plus de 2000 estampes)
La première ? Non, car en 1899 à Barcelone, il débute avec une gravure sobrement intitulée « El Zurdo » (Le Gaucher) œuvre naïve, quasi primitive dont il ne reste qu’un seul exemplaire. Il ne réitèrera l’expérience que cinq ans après, sous l’impulsion de son ami et peintre Ricard Canals lui enseignant qu’une simple pointe de métal permet de graver.
Ainsi débuta la carrière de cet insatiable graveur sur une plaque de zinc empruntée à l’artiste Julio González sans même effacer le paysage esquissé par ce dernier (partie supérieure droite) exécutant ainsi le chef d’œuvre qui fut imprimé à seulement quelques exemplaires en 1904 . Sans apprentissage préalable, il compose ainsi sur un format important avec une habileté folle l’une des œuvres les plus marquantes de sa « période bleue ».
Ambroise Vollard, célèbre galeriste et marchant d’art, qui a exposé Picasso dès 1901, achète et procède à l’aciérage des plaques de zinc. En 1913, le marchand édite, la suite des Saltimbanques, auquel le repas frugal est adjoint (Bloch 1 à 15) Ce couple taciturne empreint d’une certaine tendresse tactile cristallise à lui seul cette misère sociale et profonde souffrance intérieure.
C’est Madeleine, amante de Picasso ici représentée ; la figure masculine est quant à elle inconnue ; on la retrouve cependant dans un carnet de croquis de 1903.
Inéluctablement, cette gravure engendre un sentiment de mélancolie témoignant de la fragilité émotionnelle de l’artiste et sa vulnérabilité à cette époque. Picasso se veut témoin d’une misère qui l’accompagne et qui l’habite au quotidien.
Son merveilleux état de conservation en fait une gravure rare et précieuse, à plus d’un titre. L’élégante finesse de ce chef d’œuvre réalisé par un novice dont l’Histoire retiendra le nom nous amène aux prémices de la création : la naissance d’un graveur d’exception…
Denis Bloch Fine Art, Beverly Hills
Collection privée, Paris