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Jean-François MILLET (1814-1875)
Portrait présumé de Catherine Lemaire, épouse de l'artiste
Estimation:
€20,000 - €30,000
Sold :
€31,200

Lot details

Portrait présumé de Catherine Lemaire, épouse de l'artiste
Huile sur toile (Toile d'origine)

Toile de la maison Deforge

Presumed portrait of Catherine Lemaire, oil on canvas, by J. Fr. Millet

Comment:
Si, comme l'a mis en évidence le travail de Lucien Lepoittevin, les portraits peints par Jean-François Millet se rattachent pour l'essentiel à sa période de formation, celui que nous présentons ici précède probablement de peu l'installation du peintre à Barbizon en 1849, et donne à voir un artiste déjà au faît de son talent.
Dès ses premières années d'apprentissage à Cherbourg, Millet s'initie a? l'art du portrait auprès de ses premiers maîtres, Bon Dumoucel dit Mouchel, ancien élève de Jacques-Louis David, et Théophile Langlois, ancien élève du baron Gros. En 1837, il obtient une bourse d'études du conseil municipal de la ville pour compléter sa formation a? Paris dans l'atelier de Paul Delaroche. Obligé de retourner a? Cherbourg en 1840 suite à son échec au Prix de Rome, il reçoit quelques années durant des commandes de portraits de la part de la bourgeoisie locale. Inédit, ce portrait s'inscrit parfaitement dans le corpus réduit de ceux réalisés à la fin des années 1840, tant sur le plan technique que dans l'agencement du modèle.
Figurant une femme en buste de trois-quarts, il peut être directement rapproché des portraits contemporains d'Eugène de Chambure et de Paul-François Collot1 (fig. 1), tous deux d'exactes mêmes dimensions et cadrés en ovale. Si le premier, également non signé, n'est pas localisé, le second, aujourd'hui conservé au musée d'Orsay, est peint comme notre modèle sur une toile de la maison Deforge, marchand de couleur de Millet, dont la marque peut être datée avec précision entre 1840 et 1856. Outre le cadrage et la sobriété de l'ordonnance générale, la juxtaposition de notre portrait avec celui de Collot met en exergue de nombreuses similitudes plastiques. Un éclairage violent vient modeler les visages, rehausser de lumières les chevelures et accentuer les ombres. Les mêmes empâtements et touches de matière écrasées sont visibles sur les fronts, nez et pommettes pour faire vibrer les carnations des chairs. Enfin, le fond uni gris-brun, brosse? en larges touches parallèles, est traité de la même manière, laissant apparaître par endroits la toile en transparence.
S'il peut être tentant de voir dans notre portrait une représentation de l'épouse de Collot, la physionomie de notre modèle ressemble de manière troublante à celle de Catherine Lemaire, deuxième femme de Millet, que ce dernier fréquente après le décès en 1844 de sa première épouse Pauline Ono. En effet, les traits saisis dans notre tableau paraissent se confondre avec ceux du dessin du musée de Boston (fig. 2)², réalisé vers 1848, en particulier si l'on considère le nez et la fossette au bas du menton. Cette hypothèse pourrait expliquer le caractère tendre et intime que revêt notre portrait. La mise sobre de la robe noire et du col blanc ne peut cacher les bijoux, l'élégance du châle rouge, et les quelques mèches brunes qui échappent derrière la nuque à l'ordonnance de la coiffure. Autant d'éléments qui semblent indéniablement conférer à ce portrait une place à part au sein de l'œuvre de Millet.

1. 'Portrait de Paul-Franc?ois Collot, marchand de nouveautés', ca. 1850, huile sur toile, 65 x 54 cm, Paris, musée d'Orsay (inv. RF2267).
2. ' Portrait de Catherine Lemaire, deuxième épouse du peintre', ca. 1848, fusain sur papier, 55 x 42 cm, Boston, Museum of Fine Arts (inv. 21.283).

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