Peint par François Clouet en 1558, et non en 1559 comme l'indique la date apposée en haut du tableau, le portrait de Henri II en habit noir tracé de fins galons d'or a connu une diffusion large et prolongée dans le temps. Presque toujours datés de 1559, année de l'accident mortel du roi, ces portraits devaient porter par tout le royaume et hors frontières l'image d'un souverain parfait et accompagner celle de ses fils, héritiers de sa vertu, de sa force et de sa grâce. Le présent tableau est à rapprocher de celui conservé au château de Versailles (inv. MV 3175), œuvre du maître et de son atelier. Néanmoins, le traitement plus sommaire de la chevelure et de la barbe, les cils trop présents ou l'ouverture du collet confondue avec un reflet sur le velours ne permettent pas de situer la réalisation de l'œuvre dans l'atelier même de Clouet. Un pinceau plus saillant et une plus grande transparence dans les fiches couches de peintures laissant apparaître le dessin sous-jacent au crayon caractérisent techniquement notre beau panneau de chêne.
Cette iconographie si célèbre du roi est l'image officielle du souverain alors que la mort le frappe soudainement. Henri II est une figure délaissée de l'histoire de France, dont le règne se déroula entre la période glorieuse de son illustre père François Ier et la longue régence de son épouse Catherine de Médicis, qui assure la continuité dans la période trouble des guerres de religion qui vit se succéder sur le trône ses trois enfants : François II de 1559 à 1560, Charles IX de 1560 à 1574 et Henri III de 1574 à 1589. Les circonstances peu favorables à en faire un grand roi s'accumulèrent avant la mort de son père : il n'était pas attendu pour succéder en naissant en second, son père maintint sur lui une tutelle hautement vigilante, une dure captivité pendant quatre années à Madrid, une cour à l'organisation clanique opposant le camp du roi à celui du dauphin qu'il était. Toutes ces causes malgré de grandes qualités de chef de guerre firent du roi un homme au caractère taciturne que notre portrait illustre, tout comme les vers de Joachim du Bellay dans son 'Tumbeau du tres chrestien Roy Henry II' : " son visage estoit doulx, meslé de gravité ".

Nous remercions Madame Alexandra Zvereva de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce portrait par un examen de visu et pour son aide à la rédaction de cette notice.