S. l. n. d. [vers 1966].
304 p. sur 199 ff. in-4 et 5 p. in-4 dactylographiées. Seuls manquent au manuscrit un paragraphe de 15 lignes au chapitre premier et 2 lignes d’une page au chapitre III. Quelques doubles imprimés sont fournis avec le document.
Manuscrit autographe numéroté pour Les Belles Images.
Texte assez méconnu de Simone de Beauvoir, qui reprend les thèmes clefs
de l’auteure du Deuxième Sexe, tels que le couple, l’hypocrisie bourgeoise ou
encore la place de la femme dans la société. À travers Laurence le personnage principal, la philosophe pose la question du bonheur et du libre arbitre pour une femme. Comment s’affranchir de son milieu, de sa destinée d’épouse et de mère, comment échapper à ces « belles images », ces clichés, ces normes qui environnent et sclérosent la condition féminine ? Laurence s’interroge sur son rôle de mère et plus particulièrement sur l’éducation qu’elle souhaite offrir à sa fille Catherine. « Elle avait trois ou quatre ans ; minuscule, brune, les yeux noirs, une robe jaune évasée en corolle autour de ses genoux, des chaussettes blanches ; elle tournait sur elle-même, les bras soulevés, le visage noyé d’extase, l’air tout à fait folle. Transportée par la musique, éblouie, grisée, transfigurée, éperdue. Placide et grasse, sa mère bavardait avec une autre grosse femme, tout en faisant aller et venir une voiture d’enfant avec un bébé dedans ; insensible à la musique, à la nuit, elle jetait parfois un regard bovin sur la petite inspirée. […] Une charmante fillette qui deviendrait cette matrone. Non. Je ne voulais pas. […] Petite condamnée à mort, affreuse mort sans cadavre. La vie allait l’assassiner. Je pensais à Catherine qu’on était en train d’assassiner. »
Ce manuscrit, très proche de la version publiée, présente de nombreux passages barrés et raturés qui enrichissent le texte.
Certains, juste biffés offrent une bonne lisibilité. « Pourquoi Jean Charles plutôt
que Lucien ? se demande Laurence en dévisageant son mari qui étend sur une biscotte de la marmelade d’orange. Cela a retombé sur Lucien, une reconnaissance peut-être […]. L’avant-garde, c’est très beau ; mais un bon architecte doit être aussi réaliste […]. »
Marges roussies.