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Jean-François MILLET (1814-1875)
Etude pour la Cérès ou Allégorie de l'Eté
Estimation:
€20,000 - €30,000
Sold :
€36,400

Lot details

Etude pour la Cérès ou Allégorie de l'Eté
Huile et cire sur toile (Toile d'origine)

Cachet en rouge de la vente de l'atelier 'JF Millet' en bas à gauche
(Accidents, manques, restaurations)

Study for Ceres of Allegory of Summer, oil and wax on canvas, stamped, by J. F. Millet

Provenance:

Vente de la Succession de la veuve de Jean-François Millet, 23 avril 1894, n°3 ;
Vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, 27-28 juin 1924, n° 63 ;
Collection du baron Joseph Vitta ;
Sa vente ; Paris, Galerie Charpentier, 15 mars 1935, n°10 ;
Puis par descendance ;
Collection particulière, Italie

Bibliography:

Robert L. Herbert, 'Jean François Millet', cat. exp., Paris, 1975- 1976, sous le numéro 165, p.207.

Comment:
En 1864, l'architecte Alfred Feydeau, admirateur fervent de Millet, introduit le peintre auprès d'un monsieur Thomas, originaire de Colmar, pour qui il construit un hôtel particulier boulevard Beaujon (actuel boulevard Haussmann). Ce dernier commande à l'artiste un décor sur le thème des Quatre Saisons pour la salle à manger de sa nouvelle demeure. La taille monumentale des peintures (3 x 2 m pour deux d'entre elles et 2,66 x 1,34 m pour Cérès, aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Bordeaux (fig.1)) incita Millet à demander conseil à Andrieu, l'assistant de Delacroix. Ce dernier avait en effet utilisé une technique mixte de cire et d'huile pour le décor de la chapelle des Anges à l'église Saint-Sulpice (1849-1861). Dissoute à froid par un solvant (essence de térébenthine), la cire est incorporée dans une peinture à l'huile pour lui donner un aspect satiné et mat. Utilisée à la Renaissance, et sans doute depuis l'Antiquité, la cire permet aussi une meilleure adhérence au support et résiste mieux à l'humidité. Millet commanda alors à son fournisseur le matériel pour une peinture à la cire. Il fit un essai - notre esquisse - puis renonça à se servir de cette technique, longue à maîtriser.

Notre étude montre une jeune femme posant avec ses instruments de travail, la main sur la hanche. Sa figure est encore rougie par l'effort fourni, tandis que sa robe abaissée sur le ventre permet à son corps de respirer. Elle nous regarde, fière et dominatrice, expression de la fournaise, du labeur et de la fécondité. Cette attitude si directe sera atténuée dans le tableau final par un regard perdu dans le lointain, un détachement plus propre à une allégorie destinée à intégrer des boiseries de style Louis XIV.
Mais dans ce premier mouvement d'artiste, nous retrouvons cette capacité à rendre la dépense physique du travail paysan, autant que le don de coloriste qui séduisait tant Feydeau : " je suis parvenu à faire comprendre à mon client qu'il fallait, pour cette pièce, confier les travaux à un coloriste ; il a compris ce mot, et la chose est décidée en principe " (voir Moreau - Nélaton, Millet, Paris, 1921, p.152).

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