Comment:
Les trois autoportraits que nous présentons illustrent le talent d'une peintre méconnue et pourtant talentueuse ; Berthe Burgkan. Formée à l'Ecole des Beaux-Arts, élève de Jules Lefebvre et Robert Fleury, elle expose régulièrement au Salon des Artistes Français ainsi qu'aux expositions 'Les Arts de la Femme' entre 1878 et 1920. Peintre de genre et de compositions florales, elle réalisa des œuvres d'inspiration symboliste, beaucoup plus rares et profondes comme en attestent la revue 'L'oeuvre d'art' parue le 15 mars 1898 : " Les têtes de Mlle Burgkan ont un certain caractère d'étrangeté et de mystère qui, traduit au pastel ou au pinceau, ne manque pas de saveur ".
Dans son 'Livre d'Or des Peintres Exposants Vivants' Eugène Hoffmann fait aussi l'éloge de l'artiste : " Au Salon de 1902, paraissait Laure de Noves, tête à caractère d'une vigueur surprenante : la netteté des traits, l'énergie de l'expression font de cette étude un morceau de choix, digne du pinceau de cette véritable artiste. En 1903, figurait un pastel, d'un genre très suggestif, le Fascino, vivement attaqué par le talent sur et éprouvé de Mademoiselle Burgkan : la figure tourmentée, éclairée d'une expression énergique de maléfice, est typique : cette œuvre d'artiste, supérieurement mise en lumière, se détache, frappante, personnifiant, avec une intensité rare, l'esprit du mal. "
L'artiste a conçu ces trois autoportraits comme des œuvres abouties, réalisant les cadres avec une imagination folle.
Le livret du Salon de 1903 cite Théophile Gautier pour expliquer la représentation offerte par Berthe Burgkan: "Le fascino est l'influence pernicieuse qu'exerce la personne douée, ou plutôt affligée du mauvais oeil."