David Teniers est un peintre à la réputation et à la stature sociale bien établies lorsqu'il peint en 1662 ce grand Orphée charmant les animaux. Fils du peintre et marchand de tableaux David Teniers I, il épouse la fille de Jan Brueghel de Velours et collectionne les grands commanditaires comme ces derniers ses tableaux. Au service de l'archiduc Léopold-Guillaume à Bruxelles entre 1651 et 1656 puis de son successeur Don Juan d'Autriche, il fournit aussi les galeries du roi d'Espagne Philippe II et du stathouder Guillaume II de Nassau. Il rentre à Bruxelles au début des années 1660 et fonde un an après la réalisation de notre toile l'Académie d'Anvers.

Notre ambitieuse composition est bien éloignée des petits formats peints sur cuivre ou panneau de chêne et représentant des scènes de tavernes, des réjouissances villageoises ou encore des singeries. David Teniers se fait ici peintre d'histoire. Le format et le sujet ainsi que l'imposante signature témoignent de l'ambition de l'artiste dans son entreprise. La toile semble avoir été suffisamment appréciée pour avoir été partiellement reprise par l'atelier de l'artiste comme en témoigne un tableau présenté en vente publique en 1989 (vente anonyme, Paris, hôtel Drouot, Ader Picard Tajan, 15-16 décembre 1989, n°53).

Le thème d'Orphée est assez répandu dans la peinture des XVIe et XVIIe siècles et constitue le prétexte idéal - tout comme l'arche de Noé et Adam et Eve au paradis terrestre - pour représenter la richesse du monde animal connu. Il est en revanche plus original de voir son épouse Eurydice figurer à ses côtés dans cet épisode du récit antique.