Sculpture monoxyle en bois noirci sur socle quadrangulaire. Taille directe.
Signée sur le corps inférieur de la sculpture.
Haut. 45 cm (seul) - 53 cm (totale)
Provenance :
Collection privée, Paris.
Historique :
Ancienne collection Jacques Doucet, Paris.
Bibliographie :
André Joubin, "Le studio de Jacques Doucet, L'Illustration", 3 mai 1930, n.p., notre sculpture est visible in situ dans le "Studio" sur le guéridon d'André Groult en fond de photographie.
Paul Mas, Chauvin sculpteur, Gourcuff Gradenigo, Paris, 2007, pièce référencée et reproduite sur une photographie d'époque sous le n°20.
Catalogue d'exposition, Chauvin sculptures, Galerie l'Enseigne du Cerceau, impr. Monsieur le Prince, octobre 1974, œuvre reproduite sur une photographie d'époque p.4 avec la légende "ancienne collection Jacques Doucet".
Chantal Georgel (sous la direction), Jacques Doucet, collectionneur et mécène, coédition Les Arts Décoratifs, INHA, Paris, 2016, pour une photographie du studio de Jacques Doucet p.168-169.
Jerôme Neutre (sous la direction de), Jacques Doucet. Yves Saint Laurent. Vivre pour l'art, Flammarion, Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent, Paris, 2015, p. 31, notre sculpture visible in situ dans le " Studio " de Jacques Doucet rue Saint-James en 1930.
"Untitled"; wooden sculpture by Jean Chauvin; signed; before 1929; from the collection of Jacques Doucet ;
H. 17.71 in (sculpture); 20.36 in (with base)
Introduction:
Nous présentons ici deux sculptures de Jean Chauvin des années 20
( lot 73 et lot 74) à une époque où l'originalité de son art s'impose aux yeux des plus fins observateurs de la vie artistique française.
La première ( lot 73) , pièce unique, taille directe en bois noirci, est une redécouverte. Elle n'était jusqu'à ce jour connue que par la photo d'époque prise par Chauvin lui-même et annotée au dos par ses soins "Collection Jacques Doucet". La photographie du studio du couturier rue Saint-James à Neuilly reproduite dans L'Illustration en mai 1930 révèle la sculpture in situ. Elle trône dans l'angle de la pièce disposée sur le guéridon d'André Groult en bois, galuchat et ivoire.
Il s'agit de l'unique photo sur laquelle apparaît la sculpture chez Jacques Doucet qui l'a probablement acquise lors de l'exposition monographique organisée en 1928 à la galerie Au Sacre du Printemps. Au-delà de 1930, on perd la trace de la sculpture. Elle ne fait pas partie des œuvres présentées dans les ventes successives de la collection Doucet. Elle n'apparaît pas non plus sur l'inventaire réalisé en 1988 au décès de la dernière héritière, Madame Paulette Angladon-Dubrujeaud. Elle a ainsi suivi un destin incertain comme d'ailleurs d'autres œuvres de la collection, vendues après la mort du couturier par sa veuve, ses neveux ou petits neveux, avant de réapparaître sur le marché quelques décennies plus tard.
Revenons au studio de la rue Saint-James. Notre sculpture y côtoie les œuvres de Picasso, Braque, Modigliani, Chirico, Csaky. Sous l'œil de la "Charmeuse de serpents" du Douanier Rousseau et au milieu des meubles de Marcel Coard, de Pierre Legrain et d'Eileen Gray, le bois poli et noirci de Jean Chauvin révèle ses accents africanistes.
Mais lorsqu'il se présente à nous, il illustre alors pleinement l'art de Chauvin des années vingt un art qui évoque un univers en germination et que Robert Rey est un des premiers à définir avec justesse lors de l'exposition de 1928: " Il s'agit d'un érotisme symbolique et religieux, comme aux premiers âges de l'humanité. Le résultat, ce sont de belles formes, d'un ésotérisme attirant et d'une grande harmonie de contours (1)".
La deuxième sculpture que nous présentons est un petit bronze de 27 cm de hauteur fondu par Valsuani ( lot 74). Il avait été offert par Jean Chauvin à François Pompon en 1926. Sur son socle on peut lire " Pour mon ami Pompon, de tout cœur. Chauvin ". Après la disparition de Pompon en 1933, l'œuvre fut remise à Chauvin par Demeurisse, exécuteur testamentaire de Pompon, au nom des héritiers de l'artiste. Jean Chauvin offrira par la suite l'œuvre à Robert Rey : " En souvenir des bons moments que nous avons passé ensemble rue Campagne-Première et en témoignage de notre commune amitié pour notre vieux maître François Pompon (2)" écrit-il dans le courrier qui accompagnait l'œuvre. Historien de l'art et conservateur en chef des Musées nationaux, Robert Rey avait consacré en 1928 une monographie sur François Pompon. Il avait rédigé cette même année, l'introduction au catalogue de l'exposition consacrée à Chauvin à la galerie Au Sacre du Printemps lors de laquelle fut présenté notre bronze et vraisemblablement la taille directe de Jacques Doucet.
1 Robert Rey, "Les arts", L'Europe nouvelle, n°533, 28 avril 1928, p. 595.
2 Lettre manuscrite de Jean Chauvin à Robert Rey. Sans date.
Here we present two Jean Chauvin sculptures from the 1920's, a time when his art originality imposes itself in the eyes of the keenest observers of French artistic life.
The first, a unique piece, directly carved in blackened wood, is a rediscovery. It was up to this day known only by the contemporary photo taken by Chauvin and marked by his own hand "Collection Jacques Doucet". The photograph of the couturier's studio on Rue Saint-James in Neuilly reproduced in L'Illustration of May 1930 reveals the sculpture in situ. It is placed in the corner of the room, on the André Groult wood, shagreen and ivory pedestal table.
It is the only photo on which the sculpture appears within Jacques Doucet's home, who probably acquired it during the monographic exhibition organised in 1928 at the gallery Au Sacre du Printemps. After 1930, all trace of the sculpture is lost. It is not part of the successive sales of the Doucet collection. It does not appear on the inventory conducted in 1988 at the death of the last heir, Madam Paulette Angladon-Dubrujeaud. It thus followed an uncertain destiny, as other works of the collection, sold after the death of the couturier by his widow, his nephews or great nephews, before reappearing on the market a few decades later.
Let us return to the studio on the rue Saint-James. Our sculpture is housed amongst works by Picasso, Braque, Modigliani, Chirico, Csaky. Under the watchful gaze of "Charmeuse de serpents" by Douanier Rousseau and amongst Marcel Coard, Pierre Legrain and Eileen Gray furniture, Jean Chauvin's blackened and polished wood of reveals Africanist accents.
Yet when presented to us, it fully illustrates Chauvin's art of the 10920's, an art evocative of an incubating universe, one that Robert Rey is one of the first to accurately define, during the 1928 exhibition: " There is a religious and erotic symbolism, as in the first stages of humanity. The results are beautiful shapes, attractive esotericism and a great harmony in contours1".
The second sculpture we are presenting is a small bronze, 27 cm in height, founded by Valsuani. It was a gift to François Pompon by Jean Chauvin in 1926. On the base is the inscription " Pour mon ami Pompon, de tout cœur. Chauvin " (To my friend Pompom, with much love. Chauvin). After Pompon's death in 1933, the piece was given to Chauvin by Demeurisse, Pompom's estate administrator, on behalf of the artist's heirs. Later on, Jean Chauvin gives the piece to Robert Rey: "In Remembrance of the good times that we have spent together at Rue Campagne-Première, in memory of our common friendship for our old master François Pompon2" he writes in the mail which accompanied the work. Art historian and Chief Curator of the national museums, Robert Rey had dedicated a monography to François Pompon in 1928. The same year, he penned the introduction to the catalogue of the exhibition devoted to Chauvin held in the gallery Au Sacre du Printemps, during which our bronze was presented and likely the direct Jacques Doucet model.