Comment:
Godecharle bénéficie d'une formation à l'échelle européenne. Natif de Bruxelles, il entre à l'âge de 17 ans dans l'atelier nivellois de Laurent Delvaux, représentant du baroque flamand tardif. Puis, grâce à l'obtention d'une bourse en 1772, il s'installe à Paris où il assimile l'héritage français. Tout en étudiant dans l'atelier de Jean-Baptiste Pigalle à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, il travaille pour son compatriote anversois Jean-Pierre-Antoine Tassaert. Ils partent ensuite de concert à Berlin de 1775 à 1777, afin d'œuvrer pour Frédéric le Grand. Enfin, Godecharle séjourne à Londres à partir de 1778, et à Rome jusqu'en 1780. De retour à Bruxelles après ce " Grand Tour ", il devient sculpteur officiel de la Cour des gouverneurs des Pays-Bas, et professeur à l'Académie. Il obtient dès lors les commandes les plus prestigieuses, et en 1815, est nommé sculpteur de Guillaume Ier de Hollande.
La terre cuite de 'l'Allégorie de l'Abondance' est particulièrement intéressante à deux titres.
- Tout d'abord, elle respire l'extrême délicatesse propre à Godecharle, tel qu'on la voit dans 'l'Amour en embuscade' de 1807, du Cleveland Museum of Art (1), œuvre pour laquelle James Draper note : " La terre rose pâle, rosâtre tirant légèrement sur le jaune, est travaillée avec la dextérité élastique habituelle au maître ". Et le visage de 'l'Abondance,' animé d'un gracieux sourire, rayonne de fraîcheur et d'innocence, tout comme celui de 'La Victoire se posant sur la Terre' de 1809 du Metropolitan Museum of Art (2).
- Ensuite, ses dimensions et sa composition s'harmonisent si bien avec 'l'Allégorie de la Musique (Euterpe)'(3), conservée dans les collections des musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, qu'il est possible de les considérer comme des pendants. Installées côte à côte, elles tournent la tête l'une vers l'autre, le mouvement de leurs bras se répond ; la disposition de leurs attributs est faite selon la même logique, et leur posture classique, tout comme l'arrangement de leur drapé et l'agencement de leurs pieds, semblent conçus pour former un tout.
1. Acquis en 1977. Voir 2003, 'L'Esprit créateur', p. 208-209
2. Acquise en 1998. Voir 2003, L'Esprit créateur, p. 152-154.
3. Acquise en 1869 (Inv.2090), Voir 1992, Van Lennep, p. 216.