Comment:
Liste des légendes manuscrites identifiant les figures du cortège (de haut en bas, dans l'ordre du cortège) :
- 'Les archers de Ville'
- 'Les gardes de Mr le Maral de l'Hospital'
- 'Les Mes d'hostel des huissiers de Ville'
- 'Cinquantiniers'
- 'Dizeniers'
- 'Les bourgeois mandez'
- 'Les gardes des 6 Corps des Marchands'
- 'Les 16 quantiniers'
- 'greffier'
- 'Le p.[révost] du Roy'
- 'Le p.[révost] des Marchands'
- 'Le grand Prevost'
- 'Les archers du Grand prevost'
- 'Le Lieutenant et les examps des Suisses'
- 'Les 100 Suisses'
- 'Mr. le Maral de l'hospital'
- 'La Reyne de Suède'
- 'Mr. de Guyse'
Le 8 septembre 1656, Christine de Suède parachève dans le faste et l'extravagance un long et fastidieux périple qui l'aura vu partir de Rome le 20 juillet, atteindre Marseille en profitant des galères papales, pour enfin, après avoir traversé la France de l'Ancien Régime du Sud au Nord, rejoindre Paris et la basilique Sainte Geneviève où Louis XIV se tient disposé à l'accueillir. Ayant officiellement abdiqué depuis 1654, ce n'est pas la souveraine de Suède que le Roi soleil s'apprête à recevoir, mais plutôt un allié symbolique dans les querelles qui l'opposent aux protestants, querelles qui secouent toujours un continent dont les cicatrices issues de la Guerre de Trente Ans saignent encore. En effet, si plusieurs raisons dynastiques ou financières poussèrent la Reine Christine à abandonner son trône, il est absolument certain que son cheminement spirituel aboutissant à sa conversion au catholicisme fut un élément fondamental dans sa décision. Devenue la figure de proue des forces catholiques, elle fut accueillie avec éclat et splendeur à Rome par le pape Alexandre VII en décembre 1655. C'est donc après quelques mois au Palais Farnèse où elle réside qu'elle se rendit dans le Royaume de France, et reçut l'accueil que sa popularité encore vive méritât.
Notre dessin, de la main de François Chauveau, talentueux suiveur de Charles Le Brun, nous offre le droit de revivre l'arrivée triomphante de l'énigmatique souveraine suédoise. Cette œuvre constitue le rare témoignage d'un épisode historique notoire du Grand Siècle, mais aussi de l'extravagance et du faste inégalables de ces entrées, telles qu'elles étaient pratiquées au début du règne de Louis XIV. Particulièrement virtuose, comme l'atteste son ancienne attribution à Le Brun lors de la vente Maurice Delestre, cette œuvre est à rapprocher d'un autre dessin de Chauveau conservé au Nationalmuseum de Stockholm, Le Chancelier Séguier entouré de ses pages et estafiers, dans lequel on retrouve le maniement à la fois énergique et léger de la plume, et la facilité de notre artiste à capter les cortèges les plus majestueux avec une infinie justesse.
Un dessin de Chauveau représentant la même composition est conservé dans les collections de la BnF (Qb1 1656-1658).