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Gabriel de SAINT-AUBIN (1724 - 1780)
L'Incendie de l'Hôtel-Dieu en 1772
Estimate:
€40,000 - €60,000
Sold :
€373,500

Complete Description

L'Incendie de l'Hôtel-Dieu en 1772
Plume et encre noire sur trait de crayon, pastel, aquarelle et rehauts de gouache

Signé des initiales et daté 'G. d. S.A. 1772' à gauche sur le pont
Annoté 'St Aubin' en haut à gauche
Une étude du bâtiment au crayon noir au verso annotée 'Fire of the Hotel Dieu' à la plume et encre brune

'THE FIRE OF THE HÔTEL-DIEU, 1772', PEN AND BLACK INK, PASTEL AND WATERCOLOUR, SIGNED AND DATED, BY G. DE SAINT-AUBIN

Provenance:

Collection Thomas Lawrence, Londres, son cachet (L.2445) en bas à gauche ;
Collection F. de Ribes-Christofle ;
Sa vente, Paris, galerie Georges Petit, Me Lair-Dubreuil, 10-11 décembre 1928, n° 15 (75.000 francs à Madame Lippmann-Mayer) ;
Collection David Weill, porte les numéros 'D.W. 1659' et 'D.W. 630' sur le montage au verso ;
Sa vente, Paris, Hôtel Drouot, Mes Ader-Picard-Rheims, 9-10 juin 1971, n° 122 ;
Acquis lors de cette vente par le père de l'actuel propriétaire ;
Collection particulière, Ile de France

Exhibitions:

'La Vie parisienne au XVIIIe siècle', Paris, musée Carnavalet, mars-avril 1928, n° 220
'Les chefs-d'œuvre des collections privées françaises retrouvés en Allemagne par la commission de récupération artistiques et les services alliés', Paris, Orangerie des Tuileries, juillet-août 1946, p. 45, n° 111
'Le dessin français de Fouquet à Cézanne', Bruxelles, palais des Beaux-Arts, novembre - décembre 1949, Paris, Orangerie des Tuileries, février - mars 1950, n° 101
'De Watteau à Prud'hon', Paris, galerie des Beaux-Arts, 11 - 31 mai 1956, n° 132
'Französische Zeichnungen von den Anfängen bis zum Ende des 19. Jahrhunderts ', Hambourg, Kunsthalle, 1er février - 16 mars 1958, Cologne, Wallraf-Richartz-Museum, 22 mars - 5 mai 1958, Stuttgart, Württembergischen Kunstverein, 10 mai - 7 juin 1958, p.41, n° 86

Bibliography:

Marcel Aubert, 'L'Hôtel-Dieu et l'incendie de 1772 d'après les dessins et les peintures de Gabriel de Saint-Aubin et d'Hubert Robert', in 'Société d'iconographie parisienne', Paris, 1910, p. 22
Emile Dacier, 'Gabriel de Saint Aubin', Paris-Bruxelles, 1929-1931, t. II, p. 78, n° 474

Comment:
Dans la nuit du 29 au 30 décembre 1772, un incendie se déclara à l'Hôtel Dieu, situé entre la rive sud de l'île de la Cité et la rive gauche de la Seine, qui partit du dépôt des suifs (servant à la fabrication des chandelles) non loin duquel se trouvait un grenier à foin. Cette structure, constituée d'un enchevêtrement de corps de bâtiments datant pour beaucoup du Moyen-Age et de la Renaissance, était réputée vétuste et insalubre et avait déjà connu trois importants incendies, en 1718, en 1737 et en 1742. Celui de 1772 fut le plus meurtrier - quatorze malades périrent dans les flammes - et nécessita plusieurs jours d'intervention avant d'être circonscrit.

Rapidement alerté, Gabriel de Saint-Aubin, qui habitait près du Louvre non loin de là, accouru sur les lieux dès le début du drame au cœur de la nuit et en réalisa plusieurs croquis, dont le dessin que nous présentons ici. Il s'est placé de l'autre côté de la Seine afin d'embrasser une grande partie des bâtiments. Nous distinguons au premier plan le Petit-Pont et, donnant rue du Marché-Palu, les deux pignons de la salle du Légat, à gauche et de la salle Jaune, à droite, qui longeait les quais. C'est dans ces longues salles communes que s'alignaient les lits des malades. A l'arrière-plan, obscurcies par la fumée, se détachent les deux tours de Notre-Dame. C'est un point de vue similaire qu'avait adopté Jean-Baptiste Oudry pour illustrer l'incendie de 1718 (Paris, musée Carnavalet).

Une fois de plus, Gabriel de Saint-Aubin fait de nous les spectateurs de l'actualité de son temps. L'incendie de 1772 constitua un événement important de la vie parisienne qui fut retracé par plusieurs artistes, dont Raguenet et Hubert Robert, mais rares sont les œuvres réalisées dans les premières heures, alors que les bâtiments sont encore debout et en proie aux flammes. Des feuilles d'Hubert Robert, par exemple, illustrent les bâtiments en ruines quelques jours après, au sein desquels déambulent quelques curieux1. Notre dessin semble être l'un des seuls témoignages de ces premiers instants. Un autre dessin de Saint-Aubin aujourd'hui dans les collections du musée Carnavalet montre que l'artiste s'est ensuite rapproché des flammes : il illustre les pignons des deux salles, cette fois-ci en partie effondrés (fig. 1).

Nous voyons sur la feuille que nous présentons l'intervention de pompiers, avec le convoi des citernes d'eau sur le pont, les échelles placées le long des façades et les hommes grimpant le long de celles-ci avec les lances actionnées par des pompes à bras. En véritable chroniqueur, Saint-Aubin nous plonge au cœur du drame et de l'action. Son sens du détail et de l'anecdote reste présent, avec par exemple cet épisode des hommes faisant monter une vache sur une barque sous une arche du pont. L'échelle des petits personnages par rapport aux bâtiments en feu nous plonge dans l'effroi, et pourtant on ne peut s'empêcher d'imaginer l'effet produit par le spectacle " le plus magnifique et le plus épouvantable² " de ces immenses flammes rouges et de l'épaisse fumée noire dans le ciel de la nuit parisienne.

Nous remercions Madame Kim de Beaumont de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce dessin d'après une photographie.

1. Voir cat. exp. Gabriel de Saint-Aubin (1724-1780), Paris, musée du Louvre, 2008, p. 62.
2. La Gazette de France, voir ibid., p. 60.


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