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François-Joseph NAVEZ
Paysannes italiennes accueillant des voyageurs
Estimate:
€60,000 - €80,000
Sold :
€91,500

Complete Description

Paysannes italiennes accueillant des voyageurs
Huile sur toile

Signée et datée 'F. J. NAVEZ 1848' en bas à droite
Une ancienne étiquette portant le numéro '487' sur le cadre au verso et une autre portant le numéro '40' au dos de la toile

Dans son cadre d'origine en bois et stuc doré, à vue cintrée en partie supérieure

'ITALIAN FARMERS WELCOMING TRAVELLERS', OIL ON CANVAS, SIGNED AND DATED, BY F.-J. NAVEZ

Provenance:

Probablement offert par l'artiste à un membre de sa belle-famille ;
Collection de M. De Lathuy en 1870 ;
Collection Alphonse De Potter au début du XXe siècle ;
Par héritage à Charles Hamoir, neveu de son épouse Berthe De Potter, née Richard ;
Par héritage à sa fille, actuelle propriétaire ;
Collection particulière, Bruxelles

Exhibitions:

'François-Joseph Navez et ses élèves', Charleroi, Palais des Beaux-Arts, 4 octobre - 2 novembre 1969, n° 48

Bibliography:

Louis Alvin, 'Fr. J. Navez. Sa vie, ses oeuvres et sa correspondance', Bruxelles, 1870, p. 296 (sous le titre "La fontaine")
Thérèse Burollet, "François-Joseph Navez et ses élèves", in 'L'Information d'Histoire de l'Art', 16e année, n° 3, mai-juin 1971, p. 120
Denis Coekelberghs, 'Les peintres belges à Rome de 1700 à 1830', 1976, p. 276

Comment:
Cette grande et belle composition nous plonge dans l'Italie qui fascina tant François-Joseph Navez. Jeune artiste prodige bénéficiant des soutiens officiels de sa ville natale de Charleroi et de ceux de Bruxelles où il réalisa ses débuts, Navez séjourne en Italie entre 1817 et 1821. Avant ce séjour qui influença profondément sa production, il se forme à Paris où il renforce sa technique dans l'atelier de David. L'empreinte du maître du néoclassicisme sur notre artiste est considérable et la correspondance de Navez qui nous est parvenue témoigne d'une relation privilégiée d'amitié entre le maître et son élève, souvent à distance puisque les deux hommes ne séjourneront ensemble à nouveau qu'entre 1821 et 1825 à Bruxelles.
A son arrivée à Rome en 1817 le jeune artiste rencontre le publiciste belge Louis De Potter avec lequel il se lie d'amitié. La famille De Lathuy, belle-famille du peintre, puis, par alliance avec cette dernière, la famille De Potter furent les propriétaires successives du tableau que nous présentons, resté dans la descendance De Potter jusqu'à nos jours. La correspondance de Navez retrace ces moments heureux du séjour romain : " Les élèves de l'Académie de France sont bonnement les seuls qui aient du talent. (…) Je retrouvai Schnetz, Robert vint bientôt nous rejoindre, presque toutes les illustrations artistiques de la France actuelle s'y trouvoient içi réunis : Ingres, Picot, Alaux, (…). Je me liais avec eux tous, M. Thévenin, Directeur de l'académie de France m'accueillit avec bonté et je reçus de lui et de tous les pensionnaires les témoignages les plus sincères d'amitié et d'intérêt (1). " Cette petite société d'artistes forme un cercle festif nommé société Cipollésienne (du nom de la soupe à l'oignon autour de laquelle ils se réunissaient…) qui - d'esprit très français - critique ouvertement les Nazaréens allemands, en se moquant notamment de l'accoutrement " cinquecentesco " dont ils s'affublaient pour pavaner dans les rues de Rome.

Si les paysannes de la campagne romaine étaient depuis longtemps un sujet d'étude pour les artistes, un fait divers marqua profondément ce groupe de peintres : lors de l'été 1819, une cinquantaine de familles du petit village de Sonnino au Sud de Rome qui se livraient au banditisme furent arrêtées par les troupes pontificales pour être emmenées dans les prisons de Rome. Ce fut un véritable cortège de modèles vivants que purent admirer les peintres alors présents sur le parcours. Les paysans enchainés mais fiers et leurs épouses aux costumes chatoyants impressionnèrent toute la population. Thévenin obtint même des autorisations de visite pour ses élèves afin qu'ils se rendent en prison étudier sur le motif ces sujets très typiques.

Les amours de jeunesse renforcèrent aussi l'inspiration de Navez. L'éloignement de Bruxelles où il laissa Louise De Lathuy, belle-sœur de son grand ami De Hemptinne à laquelle il avait promis son cœur avant de partir, assombri quelque peu les promesses faites. Tombé sous le charme de son charmant modèle Mariuccia, il vécut quelque temps avec celle-ci, dont les traits se retrouvent sur plusieurs tableaux de son séjour romain.

Même après son retour, l'artiste parlera toujours de Rome avec une grande nostalgie et continuera à accorder un soin particulier à l'exécution de ses " tableaux romains ". Il écrit ainsi à Léopold Robert en 1822 : " envoi moi par le roulage un costume de Sonnino et (2) de Frascati complets, un de Miniato et un habit complet de Capucin ( …) n'oublie pas, les fausses tresses que portent les Frascatanes doivent être bien apprêtées (…) ". Toute cette attention portée aux détails vestimentaires se retrouve dans notre tableau.

Synthèse des influences de David et d'Ingres, celui-ci témoigne de la période de maturité de l'artiste qui, après la mort de son fils en 1846, reprend goût au travail. La fin des années 1840 constitue une période particulièrement fertile durant laquelle Navez reconstruit - à l'instar des années 1820 - une Italie idéale, peuplée de muses, de bergers, de belles paysannes, de pèlerins et d'ermites.
En 1848, plusieurs chefs-d'œuvre sont produits par Navez comme par exemple le Pèlerinage dans la campagne romaine, Une Sonninezza rêveuse (3), et une année plus tard sa Diseuse de bonne aventure (4) qui confirme, comme l'atteste notre tableau, que Navez maîtrise à cette période magnifiquement son sujet.

Ce tableau sera inclus au catalogue raisonné de l'œuvre de François-Joseph Navez actuellement en préparation par le Prof. Dr. Alain Jacobs.

1. Correspondance de Navez à son ami Auguste-Donat de Hemptinne, in Louis Alvin, François-Joseph Navez. Sa vie, son œuvre, sa correspondance, Bruxelles, 1870,
2. Huile sur panneau, signé et daté 1848, 63 x 84 cm, localisation inconnue, voir cat. exp. François-Joseph Navez. La Nostalgie de l'Italie, Charleroi, La Chaux-de-Fonds, Coutances, 1999-2000, p. 134, fig. 230
3. Huile sur toile, signée et datée 1848, 75 x 57,50 cm, collection particulière, ibid., p. 135, fig. 233
4. Huile sur panneau, signé et daté 1849, 117 x 133,50 cm, collection particulière, ibid., p. 133, fig. 228

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