In-4 oblong, chagrin vert sombre, larges décors à froid de rocailles dans les angles et filet épais en volute au centre du premier plat, encadrant le chiffre de Madame Lefèvre.
Envoi autographe d'Adèle Hugo daté du 18 mai 1843. Madame [Arsène] Lefèvre, belle-sœur de Léopoldine Hugo et sœur de Charles et Auguste Vacquerie, proches et intimes de Victor Hugo.
Exceptionnel ensemble de 140 pièces pour la plupart adressées à Victor Hugo, rassemblant des lettres et poèmes autographes signés des grands noms du XIXe siècle. Parmi celles-ci nous retenons des lettres de Lafayette, Barbey-d'Aurevilly, George Sand, Benjamin Constant, Rachel, Delacroix, Ingres, Berlioz, Liszt, Marceline Desbordes-Valmore, Chateaubriand, Lamartine, Nodier, Sainte-Beuve, Alfred de Vigny, Heinrich Heine, Mérimée, Balzac, Murger, Musset, Gautier, Alexandre Dumas et bien d'autres. L'ensemble finit par deux poèmes de Victor Hugo.
Quelques lettres choisies par Adèle Hugo avec soin et complicité sont étrangères à l'ensemble par leur provenance ou leur destinataire, mais y correspondent et par cela enrichissent d'autant plus l'album : Gérard de Nerval à Alphonse Karr, Théophile Gautier à Adèle Hugo, Étienne Nicolas Mehul à Pierre Ange Vieillard, Auguste Clessinger à Vacquerie, Rachel à François Buloz, etc.
Les deux lettres suivantes sont postérieures à la composition de l'album, mais adressées à Victor Hugo et du plus haut intérêt :
- Jules BARBEY D'AUREVILLY , 2 p. in-12 à l'encre noire, signées " Jules B. d'Aurevilly ". 21 mai 45.
" Monsieur, Quand on n'est pas comme vous un grand poète, ce qu'on dit de plus mal, c'est ce qu'on sent le mieux. Jamais je ne vous exprimerai comme je le voudrais la reconnaissance dont je suis pénétré pour l'accueil que vous m'avez fait, pour cette main ouverte que vous m'avez tendue avec une si gracieuse noblesse ".
- George SAND, 2 p. in-12 à son chiffre, signées " George Sand, Nohant 13 mars 70 ".
" Que vous êtes bon pour moi, mon cher maître et mon grand ami ! Mon vrai succès c'est de vous voir content de moi. […] Il est bien certain que je sers la vérité tant que je peux ; Mais pour la servir efficacement il faudrait le génie que je n'ai pas et l'habileté qu'exige un public fatigué de tout et l'habileté est bien difficile à manier. N'importe ! vous m'applaudissez, et que je le mérite ou non, je m'abandonne aux douceurs de l'orgueil. Ce qui me touche profondément et m'honore réellement, c'est que vous me parlez avec une amitié que je crois au moins mérités par mon admiration, mon respect et mon dévouement pour vous. "
- Eugène DELACROIX. 3 p. in-12. à l'encre noire, signées "Eugène Delacroix". Adressée à Victor Hugo, rue Notre Dame des Champs.
Publiée en partie dans "Victor Hugo raconté", où le poète déclare qu'elle a été écrite en 1827 à l'occasion des représentations du théâtre anglais à l'Odéon, peu de temps avant la première.
"Eh bien ! Envahissement général : Hamlet lève sa tête hideuse. Othello prépare son poignard, essentiellement occiseur et subversif de toute bonne police dramatique. Le Roi Lear va s'arracher les yeux devant un public français. Il serait de la dignité de l'Académie de déclarer incompatible avec la morale publique toute importation de ce genre. Adieu le bon goût ! Apprêtez-vous dans tous les cas une bonne cuirasse sous votre habit. Craignez les poignards classiques, ou plutôt immolez-vous courageusement pour nos plaisirs à nous autres barbares."
- Hector BERLIOZ. 1 p. in-12 à en-tête du Conservatoire de Musique, signée "H. Berlioz".
"Monsieur Hugo serait bien aimable de disposer en ma faveur de deux heures, demain dimanche, pour venir entendre au conservatoire ma nouvelle composition sur Le Roi Lear ainsi que la romance de Marie Tudor. Nous terminerons par ma Symphonie Fantastique et d'après les répétitions je suis sur d'une exécution foudroyante".
- Franz LISZT. 1 p. in-12, signée "F. Liszt". "[…] Si vous étiez cent fois aimable vous viendriez nous dire bonsoir samedi chez Erard. […][Le facteur de piano]".
- Marceline DESBORDES - VALMORE. 2 p. in-12, signées "Marceline Valmore".
Très belle lettre sur la perte de la vue et les moyens d'y remédier.
"Que je serais contente si vous éprouviez quelque bien de ce trésor qui vient de me rendre la vue comme par un miracle de Dieu ! N'ayez pas peur, monsieur, de vous en servir. […] Car j'ai toujours peur aux yeux, et les vôtres sont précieux à tout le monde. […] Parmi vos nombreux et brillants amis, pensez, monsieur, que dans un coin obscur de ce monde on fait les vœux les plus tendres pour votre gloire et pour votre bonheur."
- Alphonse de CHATEAUBRIAND. 2 p. in-12. Encre noire. Signée Chateaubriand.
"Je vous dois toujours, Monsieur, de nouveaux renversements. Vous me louez trop, mais pourtant si bien que je n'ai pas le courage de m'en plaindre. Je vais relire ce que j'ai lu, et lire ce que je ne connais pas encore. Je vous admire toujours et ne suis fâché que de ne pas vous voir plus souvent."
- Alphonse de LAMARTINE. 1 p. in-8, signée "Lamartine". Poème de 5 quatrains, titré "le Don de l'Exilée" Saint-Point, 30 avril 1841.
"[…] De si loin qu'un malheur me jette une parole, j'étends comme autrefois mon bras vers mon trésor, j'ouvre ma main royale ; il en tombe une obole !. Mais voit mon empreinte, et l'on dit: c'est de l'or."
- Gérard de NERVAL à Alphonse Kaar. 1 p. in-16, signée "Gérard".
" Veuillez cette fois envoyer la somme chez M. Dellay, qui a un moyen de me la faire passer surement. Ne négligez pas cela je vous en prie autrement je suis arrêté dans mon voyage de la façon la plus dangereuse. Je compte sur vous mon cher Kaar, je compte sur vous - Tuez un veau - je reviens ; dans huit à dix jours je touche le sol de la France, avec autant d'enthousiasme que je l'ai quitté l'an passé. […] Adieu, adieu."
- Alfred de VIGNY. 1 p. in-12, signée "Alfred de Vigny". 11 mai 1829.
"Voici mes vieux péchés et les nouveaux avec eux, cher ami. Je n'ai pas voulu attendre que j'eusse le temps de vous les porter. J'ai toujours celui de penser à vous et de vous aimer chose en laquelle je ne puis et ne veux jamais changer ainsi qu'en quelques autres choses encore. Tout-à-vous. Ma femme m'attend debout pour sortir."
- Henri HEINE. 1 p. in-4, signée "Henri Heine" et datée à "Paris ce 2 octobre 1834". Il voudrait lui présenter le littérateur anglais Hayward : "[…] a le mieux compris et traduit notre grand contemporain Goethe. Si je ne demeurais pas à la campagne, et que je ne puis être à Paris aux heures où on peut vous trouver, je vous aurais personnellement présenté mon ami. Veuillez bien l'accueillir avec l'amour que vous portez à tout ce [qui] mérite de la distinction.
J'ai l'honneur d'être votre très dévoué serviteur."
- Honoré de BALZAC. 2 p. in-16 à l'encre noir sur papier bleu. Adressée à Victor Hugo, 6 rue Royale. Il semble que cette lettre soit écrite en décembre 1839, il se tenait alors chez Théophile Gautier, une réunion du Comité de la Société des Gens de Lettres. Hugo, Balzac et Gautier font partie des membres fondateurs :
"Mon cher et illustre maître, nous avons besoin de nous entendre avant la dernière séance du comité ; car il s'agit de le renouveler à l'assemblée générale. Or, vu l'indisposition de Desnoyers, je vous prie de venir jeudi, demain à midi, dans le salon de Théophile Gautier rue Navarin 14 nous prendrons ensemble les mesures bien meilleures. Votre tout dévoué."
- Alfred de MUSSET. 1 p. in-12, signée "Alfred de Musset". Il s'excuse de ne pouvoir venir à un rendez-vous avec Hugo à Notre Dame :
"[…] Recevez mes excuses et repentances. Quelque désagrément que vous cause ma maladresse, j'en suis toujours plus vexé que vous".
- Victor HUGO. Poème autographe, sizain, "Pour les Pauvres", extrait de "Feuilles d'Automne", signé "Victor Hugo".
Réponse en forme de quatrain à une comtesse, concernant un bal donné au bénéfice des indigents. Signé "V. H.".
Joint deux lettres autographes signées postérieures adressées à Victor Hugo par Jules Barbey d'Aurevilly et George Sand.
Exposition :
Bibliothèque Nationale de France, mai 1935. Maison Victor Hugo, Paris, mai 1953.
Provenance :
Pierre Lefevre-Vacquerie, puis vente Librairie Loliée, n°30 du catalogue 1952.