L.A.S. adressée à sa mère, Marianne Michel, datée du 23 août 1883 et rédigée de la prison de Clermont sur papier à en tête de la "Maison centrale de Clermont (Oise)". 4 pages In-8.
Le 9 mars 1883, Louise Michel prend part à une manifestation de chômeurs aux Invalides à Paris, celle-ci dégénère et une boulangerie est pillée. Louise Michel sera condamné à six ans de réclusion le 23 juin 1883. Elle sera conduite à la prison de Clermont de l'Oise le 15 juillet.
Elle écrit cette lettre à sa mère mais la destine surtout à ses amies et amis. Louise Michel se retrouve dans l'impossibilité dorénavant de publier tous livres ou articles un tant soit peu politique. C'est une lettre très forte, puissante sur la liberté d'expression. Mais c'est une battante et rien ne l'empêchera de s'exprimer.
" Il faut que je vous explique bien dans quelles conditions je puis écrire : Faire des ouvrages n'ayant aucune couleur politique, ni allusion à qui que ce soit de tel. Il faut que ce soit purement littéraire afin que les journaux qui s'en occuperaient n'aient à y voir aucune chose d'une personnalité politique. En place de la vivisection psychologique que je voulais faire - il faut de la nature morte, où ni l'auteur ni l'idée qui a soufflé dans toute sa vie ne soit en jeu. Pour parler des modifications et transformations de cette idée (depuis ma première jeunesse où je pensais) comme dans les paroles d'un croyant de Lamenais jusqu'à aujourd'hui où vous savez comme je [suis] il fallait remuer ce flot, tout un océan j'ai été arrêtée à la première page par cette simple difficulté, pour l'histoire d'une idée il faut parler de cette idée. Je vais donc faire le contraire de ce que je voulais prendre dans mes cahiers. Tout ce qui est purement littéraire il n'y a pas beaucoup et composer un volume de poésie ou l'auteur n'existe pas […] Enfin je vous donne bien du mal. Je vous embrasse de tout cœur. L Michel ".