Vendue sans carte grise
Châssis n°11138
Moteur n°301166
- Une des plus belles créations de Million Guiet
- Moteur d'origine
- Une gagnante potentielle de concours d'élégance
Conçue par Marc Birkigt, l'Hispano Suiza H6, 32 CV, est présentée au Salon de l'Auto de Paris d'octobre 1919. Cette voiture fait sensation par la beauté de son dessin, ses performances, son freinage, son confort et sa qualité de fabrication. Le moteur qui l'équipe est un six cylindres en alu de 6,6 litres de cylindrée d'une puissance de 135 ch à 2400 tr/mn ce qui en fait une voiture suffisamment puissante pour que certains clients l'engagent pour des courses de tourisme. Un des atouts de la H6 est son système de freinage sur les quatre roues, assisté par un servo-frein conçu et breveté par Marc Birkigt. A partir de 1924, l'usine propose un modèle équipé d'un moteur de 8 litres : la H6C de 46 CV, la 32 CV devenant H6B. Environ 2450 Hispano H6, de tous types, vont être produites, jusqu'au début des années 30, par l'usine de Bois Colombes. La liste des propriétaires d'Hispano est un condensé du Bottin Mondain et de l'Almanach de Gotha, on y trouve des rois : celui d'Espagne, de Suède,… des Maharadjahs, des membres de la haute noblesse de France et d'Europe, des banquiers et industriels dont la famille Rothschild, les Vanderbilt, André Citroën, Edsel Ford… L'Hispano Suiza était la meilleure voiture des années vingt et sans conteste la reine de la route.
Le premier propriétaire de cette Hispano Suiza 32 CV est Eugène Lorthiois. Les Lorthiois sont une grande famille du nord de la France qui a fait fortune dans l'industrie textile. Parti d'un simple peigneur de laine, en 1780, l'empire textile se compose au début du XXème siècle de plusieurs usines qui produisent des tissus d'ameublement, des velours et des Jacquard mais aussi des laines et des fils de coton. Eugène Lorthiois nait le1er janvier 1880 et il est évidemment destiné à travailler dans l'entreprise familiale. Devenu industriel de la laine à Tourcoing où il demeure, il est amateur de belles voitures et aussi un sportsman accompli qui est membre de l'Aéro-Club du Nord et du Polo Club du Nord de la France.
C'est le 16 mars 1925 que le châssis n°11138 avec le moteur n°301166 sort de l'usine de Bois Colombes. Il est envoyé chez Lafond, l'agent lillois d'Hispano Suiza à qui Eugène Lorthiois a passé commande. Ce châssis va bien entendu être carrossé, mais malgré nos recherches, nous n'avons pas retrouvé le nom de celui qui va habiller ce châssis. Il est probable qu'Eugène Lorthiois fasse appel à Edouard Spinnewyn, un carrossier de Tourcoing, un bon faiseur, qui travailla sur de nombreux châssis de grand luxe tels que Voisin, Farman et Hispano et qui remporta plusieurs récompenses lors de concours d'élégance. 11138 est livré à son propriétaire au début de l'été 1925.
Le 16 juin 1929, Eugène Lorthiois meurt dans un accident de voiture à Roeselare en Belgique. Après ce décès, l'Hispano est vendue à Pierre de Vizcaya qui, après avoir été pilote sur Bugatti, est gérant du garage Marbeuf à Paris. Il deviendra peu de temps plus tard un des directeurs de la Société commerciale de vente Hispano Suiza. La 32 CV est révisée et est équipée du nouveau type de radiateur à volets thermostatiques puis elle est envoyée chez Million Guiet pour recevoir une nouvelle carrosserie. Le choix de Million Guiet n'est pas fortuit : Jean de Vizcaya, le frère de Pierre, collabore avec ce carrossier qui fabrique, sous licence, des caisses " Toutalu " qu'il a conçu.
Pierre de Vizcaya souhaite un cabriolet deux places dont le style s'inspire des lignes des voitures américaines qui sont alors à la mode.
L'Hispano est prête à la fin du printemps 1930. Le dessin de la carrosserie est une véritable réussite. D'une rare élégance, très racé, ce cabriolet dégage à la fois une impression de sport et aussi de confort qui ne peut pas laisser insensible l'amateur de belles voitures. Pierre de Vizcaya l'inscrit aux deux concours d'élégance parisien: l'Auto qui se déroule au Parc des Princes le 6 juin 1930 et Fémina l'Intransigeant, le 27 juin. Afin d'avoir une ligne encore plus harmonieuse, 11138 retourne chez Million Guiet pour une modification de son pare-brise qui est légèrement incliné, elle est ensuite immatriculée 282-RE3 en juillet 1930. Pierre de Vizcaya va conserver son cabriolet quelque temps puis, au cours des années trente, il passera entre les mains de différents propriétaires parisiens dont Jacques de Chefdebien, Yvonne Marlière, Henri Janssens. On retrouve 11138 après guerre, quand elle est acquise par Henri Bréau. Henri Bréau est né en 1900, c'est une ancienne gloire des vélodromes où il a remporté de très nombreux prix. Surnommé " la grenouille ", il possède un palmarès assez impressionnant avec pour titres de gloire : champion de France demi-fond 1928 et une 2ème place au championnat du monde de piste la même année. Retraité des pistes, Henri Bréau se lance dans la fabrication de jantes pour cycles dans des ateliers qu'il possède à Montrouge, au 6 - 10 rue la Fontaine. S'inspirant des réalisations d'après-guerre de certains carrossiers français, tels que Saoutchik, Henri Bréau commence à personnaliser son cabriolet en l'affublant d'accessoires qui, au fil du temps, seront de plus en plus nombreux. D'abord une calandre pare-pierre, puis des chapeaux de roues, des couvre boulons, des extensions d'ailes, des phares additionnels, des supports de phares, des arrêtes d'ailes, etc. Le mieux étant l'ennemi du bien, l'Hispano se transforme peu à peu en " voiture de cirque ", pas forcément du meilleur goût. Mais Henri Bréau, très fier de sa voiture, la présente au concours d'élégance d'Enghien les Bains en juin 1949. Il continue et parachève son œuvre par une modification du capot moteur en l'élargissant pour permettre l'installation de bouches d'aération de chaque côté de la calandre. Le 20 juillet 1950, l'Hispano est immatriculée 6038 J 75 dans le nouveau système qui vient juste d'être mis en place, elle est toujours au nom d'Henri Bréau à Montrouge.
Le 5 mai 1955, la voiture est vendue à un certain Etienne Crespin qui ne la garde qu'une année puis la vend, le 21 juin 1956, au garage du Grand Nord à Ivry-sur-Seine. Quelques temps plus tard, Robert Cornière, amateur de belles voitures et collectionneur de la première heure, découvre l'Hispano au fond d'un garage de Montrouge. Il l'achète le 11 juin 1958, et la première chose qu'il fait est de débarrasser la belle de ses oripeaux afin que la carrosserie Million Guiet retrouve sa beauté initiale. Robert Cornière est plus intéressé par les Voisin et les Bugatti et le 8 avril 1967, il vend l'Hispano à Roger Baillon.
Depuis cette époque, la voiture fut remisée dans les garages de la propriété de Roger Baillon qui aimait particulièrement cette automobile. Il est touchant de voir que lors de sa découverte en 2014, la roue arrière droite était prête à être démontée avec son démonte moyeux d'époque encore fixé, et Roger Baillon qui réparait toujours ses autos en costume cravate avait commencé à refaire les bas-volets du capot. C'est une occasion unique de restaurer une Hispano-Suiza arborant une des plus belles carrosseries cabriolet deux places françaises jamais construites.
Unregistered
Chassis n°11138
Engine n°301166
- One of Million Guiet's most beautiful creations
- Original engine
- A potential concours d'élégance winner
Designed by Marc Birkigt, the Hispano Suiza H6, 32 CV, was presented at the Paris Motor Show in October 1919. The car caused a sensation for its stunning design, performance, braking system, comfort and its build quality. Equipped with a 6-litre six-cylinder aluminium engine producing 135 bhp at 2400 rpm, the car was powerful enough for clients to race competitively. One special feature of the H6 was the four-wheel braking system with servo assistance, conceived and patented by Marc Birkigt. From 1924, the factory offered an 8-litre model : the 46 CV H6C, with the 32 CV becoming the H6B. Some 2450 examples of the H6, all models together, were produced, through to the start of the 1930s, by the factory in Bois Colombes. The list of Hispano owners include Kings, Maharadjahs, French and European nobility, bankers and industrialists including the Rothschild family, the Vanderbilts, André Citroën, Edsel Ford… The Hispano Suiza was the finest car of the 1920s and the undisputed king of the road.
The first owner of this Hispano Suiza 32 CV was Eugène Lorthiois, from an influential family in northern France that had made its fortune in the textile industry. Originating from a simple wool-combing business in 1780, the textile empire grew to comprise several factories producing upholstery fabrics including velvets and Jacquard, as well as wools and cotton threads, by the start of the 20th century. Eugène Lorthiois was born on 1 January 1880 and was always destined to work in the family business. He became a wool manufacturer in Tourcoing where he lived, and was also an automobile enthusiast and accomplished sportsman, being a member of the Aéro-Club du Nord and the Polo Club in Northern France.
Chassis n°11138 fitted with engine n°301166 left the Bois Colombes factory on 16 March 1925. It was sent to Lafond, the Lille-based Hispano Suiza dealer where Eugène Lorthiois had ordered the car. The chassis was then bodied, but our research has not uncovered the name of the coachbuilder chosen for the task. It is likely that it was Edouard Spinnewyn, a reputable coachbuilder from Tourcoing, who worked on chassis of luxury marques such as Voisin, Farman and Hispano, winning concours awards for his work. 11138 was delivered to its owner in the early summer of 1925.
On 16 June 1929, Eugène Lorthiois died in a motoring accident in Roeselare in Belgium. Following his death, the Hispano was sold to Pierre de Vizcaya, a former Bugatti driver, who ran the Marbeuf garage in Paris. Soon after this he became a director of commercial sales at Hispano. The 32 CV was serviced and fitted with the new type of radiator with thermostatic shutters, and was then sent to Million Guiet to be fitted with a new body. The choice of Million Guiet was no coincidence : Pierre's brother, Jean de Vizcaya, collaborated with this coachbuilder to build under licence the " Toutalu " bodies that he had designed. Pierre de Vizcaya wanted a two-seater cabriolet with styling inspired by the Amercian cars so fashionable at that time.
The Hispano was ready by the end of Spring 1930, and the design of the coachwork was a huge success. Highly elegant and resolutely sporty, this cabriolet exuded a sense of both comfort and sportiness that could not go unnoticed by anyone who appreciated fine automobiles. Pierre de Vizcaya entered the car for two concours d'élégance events in Paris : l'Auto that took place in the Parc de Princes on 6 June 1930 and Fémina l'Intransigeant on 27 June. To have the finishing touches to its harmonious styling, 11138 then returned to Million Guiet for a modification to its inclined windscreen, and was then registered 282-RE3 in July 1930. Pierre de Vizcaya kept the car for some time, and it then passed into the hands of other Parisian owners during the 1930s, including Jacques de Chefdebien, Yvonne Marlière and Henri Janssens. We catch up with 11138 again after the war, when it was acquired by Henri Bréau, born in 1900, and a former hero of the vélodromes and multiple prizewinner. Bréau, known as " The Frog ", had a very impressive record that included middle-distance French Champion in 1928 and runner up in the World Championship of the same year. Once he had retired from the track, he launched himself into the production of bicycle wheels in the workshop that he owned in Montrouge, at 6 - 10 rue la Fontaine. Inspired by the post-war creations of certain French coachbuilders like Saoutchik, Bréau began to customise his cabriolet by adding certain accessories that grew in number over the years. This started with a stone guard for the grille, followed by hub caps, wheel nuts, wing extensions, extra lights, headlamp brackets, wing tips... The Hispano slowly transformed into a " circus car " that was not necessarily in the best taste. However, Henri Bréau, who was very proud of his car, displayed it at the Enghien les Bains concours d'élégance in June 1949. He completed his masterpiece with a modification to the engine cover, enlarging it to allow the insertion of vents either side of the radiator. On 20 July 1950, the Hispano was registered 6038 J 75 in the newly established system, still in the name of Henri Bréau from Montrouge.
On 5 May 1955, the car was sold to a certain Etienne Crespin who kept it for just one year before selling it on 21 June 1956 to the Grand Nord garage in Ivry-sur-Seine. Some time later, Robert Cornière, an enthusiast and early collector, discovered the Hispano at the back of a garage in Montrouge. He bought it on 11 June 1958, and the first thing he did was to remove all the paraphenalia to restore the beauty of its Million Guiet coachwork. Robert Cornière had a greater interest in Bugatti and Voisin, however, and on 8 April 1967, he sold the Hispano to Roger Baillon.
From that point, the car was put away in the garages of Roger Baillon's property. Baillon was particularly fond of this automobile, and it was moving to see, when the discovery was made in 2014, that the rear right-hand wheel was ready to be taken off, with the period tool still attached. Baillon, who always worked on his cars dressed in a suit and tie, had started to re-do the lower sections of the bonnet. Here is a unique opportunity to restore a Hispano-Suiza that boasts one of France's finest two-seater cabriolet bodies.