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Henri de Favanne naît à Londres de parents français. Son père, premier veneur du roi d'Angleterre Charles II, a pour Henri la même ambition. Il fait envoyer l'enfant âgé de 15 ans en France, afin qu'il apprenne les rudiments du métier dans une cour où la chasse est une tradition bien réglée. Favanne, doué et passionné par les arts, réussit à obtenir un congé lui permettant d'étudier la peinture avec le peintre René-Antoine Houasse. C'est ainsi qu'il remporte le Grand Prix de peinture de l'année 1693 et part à Rome où il est admis au nombre des pensionnaires de Sa Majesté en 1695.
De retour à Paris en 1700, il est agréé à l'Académie royale en 1701, et reçu en 1704. En 1705, il est appelé en Espagne par le roi Philippe V, au service duquel il reste jusqu'en 1714. En 1725 Favanne est élu professeur à l'Académie, puis recteur en 1748. Il participe à de nombreux Salons entre 1704 et 1751, y exposant des œuvres de qualité parmi lesquelles nous pouvons citer la Séparation de Télémaque et d'Eucharis, toile conservée au musée des Beaux-Arts de Lyon.
Notre tableau pourrait lui aussi avoir été exposé au salon de 1750, sous le numéro 8 : "Deux tableaux de 3 pieds & demi [soit 91,42 cm], faisant Pendant, l'un représentant [...]. L'autre, Mars se blesse en prenant une flèche de l'Amour". Cette description et les dimensions associées semblent bien décrire notre tableau.
Les amours de Mars et Vénus constituent un sujet traditionnel de l'histoire de l'art. Celui-ci renvoie à l'un des mythes les plus populaires de l'Antiquité, dont des auteurs tels qu'Homère et Ovide se sont fait les porte-paroles.
Sur notre tableau, nous pouvons voir Mars volant une flèche à l'Amour. Cette flèche, avec laquelle il se blessera, sera à l'origine de son amour pour la belle Vénus.
Au second plan, nous pouvons voir les amours jouant tranquillement avec les armes de Mars au milieu d'un paysage bucolique. Ceux-ci préfigurent l'issue de l'événement se déroulant sous nos yeux: la puissance de l'amour réussira à désarmer et vaincre l'esprit guerrier du dieu.
Alors que le couple formé par Mars et Vénus peut être vu comme une allégorie de l'harmonie, née de l'alliance entre la force et la beauté, la nudité de la déesse renvoie à l'issue fatale des amours du couple qui sera découvert et pris au piège par Vulcain, le mari trompé.
Nous pouvons rapprocher notre tableau de Télémaque racontant ses aventures à Calypso (73,20 x 91,50 cm ; Vente anonyme, Londres, Sotheby's, 9 juillet 1989, n°352).