Dessin original, signé et daté " Guillaume Apollinaire pinxit 1916 ", avec légende autographe " Le Maréchal des logis au masque d'Espérance ", le tout en bas au centre. Aquarelle, traits préparatoires à la mine de plomb, 19, 5 x 12, 5 cm, encadrement sous verre.
Autoportrait équestre héroïque, sous les bombardements, offrant un double effet de contraste, entre le noir indomptable de la monture et l'éclat festif et mortel des explosions.
" Mon nom ? L'Espérance " (Guillaume Apollinaire, " Dans un café à Nîmes ", poème envoyé à Louise de Coligny-Châtillon le 4 février 1915, intégré dans la suite intitulée " Lueurs des tirs " publiée dans le Mercure de France en juillet 1916, et finalement dans Calligrammes) :
" Canonnier ayez patience !
Adieu donc ! - Adieu, caporal ! -
Votre nom ? - Mon nom ? L'Espérance
Je suis un canon, un cheval,
Je suis l'Espoir... Vive la France !... "
Apollinaire, qui fut engagé volontaire en novembre 1914, fit l'expérience de la guerre qui lui inspira nombre de poèmes où se mêlent étroitement la sidération du spectacle moderne des batailles et l'expression d'un sentiment amoureux exacerbé par l'éloignement.
Les masques d'Apollinaire : dans ses aquarelles, Apollinaire s'est représenté plusieurs fois en soldat monté avec masque à gaz. Ce masque faisait partie de la vie quotidienne au front, mais sa présence utilitaire rencontrait chez Apollinaire une mythologie personnelle irriguant ses poèmes.
Un écho à sa nouvelle " Le Brigadier masqué c'est-à-dire le poète ressuscité ". Écrite de la fin de 1915 au début de 1916, elle fut publiée en octobre 1916 dans le recueil Le Poète assassiné : Apollinaire y entretient un dialogue avec lui-même sous les bombardements allemands, s'identifiant à trois personnages, le canonnier (le poète Cronamiantal ressuscité), le brigadier et le maréchal des logis.
Une des aquarelles qu'Apollinaire peignit en 1916, lors de sa convalescence après sa blessure de guerre. Elle dénote nettement l'influence de l'avant-garde russe, notamment du néo-primitivisme, et, par son titre inscrit dans le champ pictural, relève de l'esthétique moderne d'une poésie libérée de la littérature comme chez Duchamp ou Picabia.
Provenance
Jacques Damase, le dernier marchand de Sonia Delaunay.
Expositions
- L'UN POUR L'AUTRE, LES ECRIVAINS DESSINENT. Caen, IMEC, Lisbonne, Musée Berardo, Ixelles, Musée communal, janvier 2008-janvier 2009. Reproduction dans la notice n° 15 du catalogue.
Bibliographie
- DEBON (Claude) et Peter READ. Les Dessins de Guillaume Apollinaire, Éditions Buchet-Chastel, 2008. Reproduction en couverture et p. 130.