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Oeuvre en rapport :
Gravé sur bois par Marguerite Dreyfus dite Rita
Cette splendide feuille pleine de force nous transporte dans un univers magique, celui de Wagner. Elle fut offerte par Luc-Olivier Merson au compositeur Gabriel Pierné l'année où il remplace son maître César Franck à la tribune de l'orgue de l'Église Sainte-Clotilde. L'organiste Gabriel Pierné (1863-1937) est surtout resté célèbre pour sa carrière de chef d'orchestre.
Datée de 1885, notre feuille illustre la première scène de 'L'Or du Rhin' de Wagner. Les trois filles du Rhin, Woglinde, Wellgunde et Flosshilde, chargées de garder l'or du Rhin, nagent et se poursuivent. Le nain Alberich tente de les courtiser toutes trois une à une mais elles s'en amusent. Lors d'une tentative désespérée pour s'emparer de l'une d'elles, Alberich découvre le trésor en apercevant les rayons du soleil percer les eaux pour frapper l'or. Les filles du Rhin révèlent alors le secret selon lequel celui qui ravirait suffisamment d'or pour s'en faire un anneau pourrait dominer le monde : il lui suffirait d'abjurer tout amour. Alberich saisit une poignée d'or et s'enfuit en reniant tout amour.
Proche du milieu musical parisien, Luc-Olivier Merson sut se tisser de nombreuses et solides amitiés parmi les compositeurs de son époque comme l'atteste la dédicace de notre dessin à Gabriel Pierné. De la réalisation des décors de l'Opéra-Comique par de nombreux peintres datent ces liens forts entre une même génération d'artistes et de musiciens. Si Fantin-Latour reste le plus grand traducteur en peinture de l'œuvre de Wagner, Merson fut comme nombre de ses confrères profondément marqué par la Tétralogie.
Adolphe Giraldon, biographe de l'artiste[1], raconte qu'un collectionneur, Arthur Fouques-Duparc, et l'éditeur Manzi lui avaient commandé une série d'illustrations de la Tétralogie. Malheureusement le projet ne se réalisa jamais.
Deux autres dessins de l'artiste reprenant le même sujet sont récemment passés sur le marché en 2004 : l'un indistinctement signé fut présenté en vente publique2 et l'autre, signé des initiales 'L.O.M.', fut exposé au Salon du Dessin3.
1- Adolphe Giraldon, 'Luc-Olivier Merson : Une noble vie d'artiste', Paris, 1929, p. 38
2- Vente de la collection de la baronne Eugène de Rothschild et divers amateur, Paris, Sotheby's, 31 mars 2004, n°126
3- Paris, Salon du Dessin 2004, chez Artemis-C.G. Boerner, n°39