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Œuvre en rapport :
Gravé par Jacques Fricquet
En 1663, Sébastien Bourdon reçut la commande du décor de la galerie de l'hôtel Bretonvilliers alors situé sur l'île Notre-Dame, actuelle île Saint-Louis. Laissé à l'abandon et finalement détruit en 1840, plus rien ne subsiste de cet hôtel et de son admirable décor. La galerie constituait sans nul doute le chef d'œuvre de la dernière période parisienne de Sébastien Bourdon.
Né à Montpellier en 1616, le peintre passa les premières années de sa formation à Paris avant de séjourner en Italie entre 1636 et 1637. De retour à Paris, Bourdon commença à recevoir de nombreuses commandes, ouvrit un atelier et fit partie des douze membres fondateurs de l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1648. Sa carrière fut également marquée par un séjour auprès de la reine Christine de Suède (1652-1653) et un retour à Montpellier (1657-1658) pour orner le maître-autel de la cathédrale.
Le décor de la galerie de l'hôtel Bretonvilliers était réparti sur la voûte et les murs latéraux. Le plafond était divisé en neuf compositions illustrant le mythe de Phaéton. Pour les parois, Bourdon réalisa des tableaux en grisaille représentant d'une part 'Les sept Arts libéraux' et d'autre part 'Les Sept Vertus morales et héroïques', chacune de ces allégories étant surmontée d'un "petit tableau peint de coloris représentant un sujet tiré de l'histoire, ou un sujet allégorique qui convient (…) [1]."
L'esquisse provenant de la collection de Jacques Thuillier est préparatoire à l'une de ces compositions, Artémise faisant élever le Mausolée, qui venait éclairer la vertu morale 'Magnificentia'. La gravure de Jacques Fricquet (Fig. 1) a permis de mettre en relation cette étude avec le décor de l'hôtel Bretonvilliers.
Il s'agit de la seule esquisse peinte aujourd'hui identifiée pour ce chantier et par conséquent d'un rare et important témoignage dans la carrière de Bourdon. De manière extrêmement rapide et fluide, il dresse une composition parfaitement aboutie et ordonnée, destinée à servir de modèle à ses aides pour le décor final.
L'on ne peut que regretter la totale disparition de ce décor, que le Bernin lui-même avait admiré lors de son séjour parisien en 1665, à l'instar de Jacques Thuillier qui écrivait en 2000 : " C'est par cette galerie, estimée la plus belle de Paris, que Bourdon pouvait se mesurer à Pierre de Cortone, à Romanelli, à Vouet, à Le Brun lui-même [2]. "
[1] -Guillet de Saint-Georges, 'Mémoire historique des principaux ouvrages de M. Bourdon… lu à l'Académie le 7 juin 1692'
[2] -Jacques Thuillier, " Treize réflexions sur Sébastien Bourdon ", in cat. exp. 'Sébastien Bourdon', Montpellier-Strasbourg, 2000-2001, p. 36.