Les bulles carrées d'Anselme
"Les gens n'imagine pas que les bulles puissent être carrées. Pour moi un grand Champagne a des bulles carrés : quand la bulle n'est pas molle, elle a de la résistance, de l'angle. La bulle donne une troisième dimension. J'en ai parlé aux Londoniens, ils ne sont pas réceptifs. Les Italiens si. Les Américains : un Champagne qui fait peu de bulles, ils ne comprennent pas… "
Définir le style des Champagnes Selosse est impossible. Il n'y en plusieurs chaque année. Il y a une philosophie d'Anselme par contre qu'il indique en citant le non-agir taoïste, non-agir qui ne signifie ni l'indifférence, ni la paralysie, ni le fatalisme, ni quelque foi béate en une providence mais une conception du geste et de sa gradation orientés par le souci de laisser être le vin, la nature, comme l'autre, la femme, l'enfant, l'ami. Le philosophe Martin Heidegger définissait la liberté comme le laisser-être et croisait lui aussi les fondements de la pensée taoïste. " On ne peut pas cantonner un vin à un registre. Sinon on a des choses délimitées par leur contour, point. Je recherche le rayonnement. Le sourcil qui se soulève tandis que le vin s'exprime par son cœur. Le geste du vigneron est là pour lui permettre ce rayonnement. Chaque année le vin est différent si on laisse le milieu s'exprimer. C'est cela pour moi un vin réussi : un vin libre, qui a été usé par les épreuves pour passer au-delà des apparences, montrer son caractère propre, son identité en restituant la sapidité de son lieu. On peut tricher sur l'apparence, pas sur la personnalité. J'adore l'étymologie, et pour parler d'une personne creuse, on dit : insipide. Sans saveur, c'est à dire sans sève, c'est la même racine. Or la sève dans la culture de la vigne est essentielle. C'est elle qui naît dans les racines de par la transformation de la roche. Et c'est de racines que l'on parle pour parler d'identité. Je suis sur cette notion d'identité, cette sève et cette saveur. Que l'on sache d'où vient mon vin ! "
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