SYLVIE, VOYEZ VOS RAVAGES NON SEULEMENT PARMI LES HOMMES MAIS AUPRES DE TOUTE LA CREATION. MATHIEU EN CENDRES
Importance correspondance privée (1985-1992) de 112 L.A.S. (202 p.), 32 cartes de correspondance et cartons d'invitation à des expositions avec annotations à l'intention de Sylvie Mari. Encres noire, sépia, bleue, plume large de calligraphie, avec pièces de feutre pourpre souvent collées en bas de page. Nombreuses enveloppes calligraphiées conservées. Papier à en-tête "Moult de Parte". Nombreux collages de découpis. 8 photographies d'œuvres de Mathieu ou de l'artiste. 1 disque 33 t. Joints : 15 livres de G. Mathieu.
Dans ses lettres d'amour à Sylvie, l'artiste enflamme le papier, révélant le besoin qu'il a de lui communiquer sa profonde adoration. Il multiplie les références à Nerval, Musset, Mozart, Ronsard, l'Astrée, les dieux, Sylvie évidement.
Chaque lettre est unique, l'écriture est particulièrement visuelle et constituent une œuvre en elle-même. Nous ne pouvons ici donner qu'un rapide aperçu de ces magnifiques déclarations d'amour. "Les mots parlés sont si maladroits qu'il faut que je vous écrive. Hélas je ne suis pas poète [!]. Vous semblez miraculeusement sortir d'un chapitre de l'Astrée à la fois bergère et princesse à moins que vous ne soyez une héroïne inconnue de Musset." Continuant ailleurs dans la thématique du roman pastoral du XVIIe s., il énumère les comportements entre un pastoureau et une pastourelle : "Se mugueter, mignonner, mignarder ; paillarder, coqueliquer, Fretin-Fretailler, besogner, biscotter, pastisser, s'enmistoyer". En amour, le divin n'est jamais loin : "Depuis hier soir, je m'interroge sur la signification de l'intervention des dieux à votre endroit." La croix d'argent que Sylvie porte lui inspire une rencontre fusionnelle : "Vous déteniez dans vos mains le symbole du pouvoir mystique ; j'en avais l'oriflamme. Ne sont ce pas là des marques du Destin qui nous désignaient ensemble ? Vous êtes appelée à conquérir un domaine intemporel et je suis votre héraut et votre chevalier". Evoque évidemment sa production artistique : la peinture est aussi un médium de l'amour : "Et je continue de m'interroger inlassablement sur cette harmonie préétablie dont parlait Leibniz qui est celle de nos âmes. Cette attirance étonnante de nos goûts et de nos rêves". En 1992, l'encre est devenue dorée, et il s'en explique : "Voici la nouvelle couleur de mon sang un sang vigoureux comme la sève…soleil de toutes les ivresses de l'espoir un sang qui va régénérer nos âmes et faire refleurir tous les pommiers d'amour dont je dépose à tes pieds les premiers bourgeons". Toujours dans ses projections historiques, il dit être le peintre Charles Alphonse Dufresnoy : "Je suis né à Paris en 1611 et bien que j'ai quitté ce monde en 1668 je garde un regard vigilant sur les admirateurs de mes travaux et sur les interprétations qu'ils en donnent… et si l'on croit trouver quelque ressemblance entre cette bergère et la dame qui figure dans l'autoportrait de mon ami Poussin c'est que nous utilisions le même modèle à Rome aux environs de 1633". Avec le temps les lettres se font plus osées, plus imagées aussi : "Puisses tu un jour, ô ma Sylvie, me combler par le chatoiement de tes 'oui' dans cette nouvelle Arcadie que tu as crée et puissé-je aussi longtemps t'y conduire par les sentiers les plus secrets afin de te faire découvrir tous les O cachés dans les bosquets. "Une rupture est suivie d'une lettre de réconciliation : "Jour béni aujourd'hui lundi 16 septembre. Tu reviens ! Bienvenue à toi ! Mon amour".
COLLAGES, citations, reprises, dessins. La correspondance est parsemée de reproductions d'œuvres d'art qu'il commente ; sous la reproduction d'un tableau de Vigée-Le Brun, 'La Vertu irrésolu', il lui demande : "Est-ce Vous ? Mon Amour". Il détourne aussi une illustration de Bonnard pour Verlaine, agrémentée d'un collage de feutrine rouge cramoisie : "Verlaine Bonnard et son chevalier" : "Tellement XIX ! Craintive bergère". Il enrichit aussi ses lettres de collages et découpages, comme cette image d'une commode régence dont les tiroirs s'ouvrent pour laisser apparaître les phrases : "Tu es ma petite fille chérie, tu es ma bergère, tu es mon grand amour, tu es ma princesse". Il commente aussi des citations magnifiquement calligraphiées : "Et qu'on entend sans rime Plus doucement Que ce n'est point un crime D'être un amant. Ainsi disait Pelisson Acante l'un des samedis de la rue de Beaune en 1652". Souvent, surtout, l'artiste enrichit ses lettres de dessins, telle cette belle lettre de septembre 1990 : "Je ne dors ni nuit ni jour, Diable emporte l'Amour, ses petits frères, sa mère, Tous ses parents, sa mère, tous ses parents, Jeux et vie, toute l'Ile de Cythère Mais qu'il me garde ma Sylvie ". Sur une autre lettre ornée du dessin d'une couronne, il dit "Reçois ô nymphe adorable dont les cœurs reçoivent les lois. Cette couronne plus durable Que celles que l'on met sur la tête des rois".
LIVRES et objets envoyés. Il adresse aussi à Sylvie des livres et catalogues, avec dédicaces (ainsi dans un catalogue de juin 1961 : "Pour Sylvie carrissima son Chevalier", et ajoute une copie d'une photographie de Mathieu sur le Dragon, annotée : "Pour toi je terrasserai tous les Dragons"), des photographies d'époque le représentant lors happening au Japon en 1957, il est en train de peindre "La Bataille de Hakata" devant un public nombreux (photos : F. René Rolland). Plusieurs dessins, livres et catalogues joints, avec envois ou dessins originaux :
- L'ABSTRACTION PROPHETIQUE. Gallimard, coll. "Idée", 1984. In-16 reliure [de Babouot] pleine peau à décor guilloché, titre et tête dorés. E. A. S. "Pour Sylvie Mari qui n'annonce pas le destin mais le commande avec l'admiration plus que fervente de Mathieu et de Céladon 1985". Comble du luxe, Mathieu s'est fait faire des Pléiades sur mesure, il a fait relier deux de ses propres livres dans une reliure Babouot proche de celles de la Pléiade.
- DE LA REVOLTE A LA RENAISSANCE. Gallimard, coll. "Idée", 1973. In-16 reliure [de Babouot] pleine peau à décor guilloché, titre et tête dorés. E.A.S. "Pour Sylvie qui m'a donné le rare privilège d'approcher l'ineffable. Inoubliablement Georges Mathieu octobre 1985".
- MATHIEU - PALAIS DES PAPES. Avignon 1985. Grand in-4 carré. Très beau dessin et envoi au feutre rouge sur toute la page de faux titre.
- MATHIEU OU LA FUREUR D'ETRE. Scénario du film de Frédéric Rossif, texte de F. Billetdoux, 1971. 21p. in-4. E.A.S. de Mathieu à Sylvie sur la première de couv. Très rare document.
- MATHIEU. Musée de Boulogne sur Mer. 1992. In-4 reliure de l'éditeur sous jaquette ill. Très beau dessin et envoi signés sur les pages de garde et de faux titre, feutre noir. "Pour Sylvie au Bonheur retrouvé".
- MATHIEU ŒUVRES RECENTES 1989-1990. G. Pieters Gallery. In-folio carré. Bel envoi a. signé sur portrait photo. de Mathieu : "Pour Sylvie ce Mathieu Samouraï de 1957…"
- MATHIEU. DESSIN sur enveloppe in-4, feutre noir, 1991.
- MATHIEU. Flammarion 1977. E.A.S "pour Sylvie merveilleuse étoile qui illumine mon ciel".
- MATHIEU. François Mathey. Celiv, 1989. In-4 rel. d'éd. sous jaquette ill. Grand dessin sur la page de garde au feutre violet. 15 mars 1991.
- MATHIEU. Manufacture des Gobelins. In-4 carré. 1969. DESSIN signé pleine page in-4 encre violette, sept 1990.
- MATHIEU. Discours à l'Académie des Beaux Arts. Institut de France. 1976.
Deux objets offerts par Mathieu :
- LOUIS XIV figurine en plomb peinte 6,5 cm, par Mathieu.
- PLAQUE DECORATIVE en régule, couple s'enlaçant, joint une carte manuscrite de Mathieu : "Un petit rien pour dire tout" l'ensemble dans un coffret en bois de palissandre à coins de laiton.