- CORRESPONDANCE de 23 lettres, 1953 à 1964. 30 p. in-12 et in-4. Papier blanc, sauf une sur papier quadrillé, les manuscrits sur ce même papier, ce qui à son importance... La plus grande lettre, vers 1954, la plus franche s'intitule "Lettre à André Parinaud : Sur Sagan et son Bonjour Tristesse" : "Pour moi la lecture est chose dangereuse. Si je lis quelques pages de Malraux, prétentieux charabias, cela me met en colère... j'ai lu cette semaine le roman de Sagan. CETTE JEUNE FILLE EST DE BONNE FAMILLE, LA FAMILLE DES GRANDS ECRIVAINS. Cela ne trompe pas, cela se voit comme la couleur des yeux, le grain de la peau; cela fait bondir le cœur... On aime le talent ou il vous est indifférent. SI ON AIME C'EST SANS MESURE, CET AMOUR LA, C'EST UN JUGEMENT SEVERE." Correspondance assez directive entre Parinaud et Chardonne sur des textes à paraître ou sur la biographie de Ginette Guitard-Auviste qu'il maîtrise et surveille de près : "On avait imprimé un peu trop vite l'article Guitard j'ai demandé, avec instances, des modifications... Si vous voulez que je vous donne quelques fois un texte, il ne faut pas m'effaroucher… Ce que je vous demandais avec clarté et insistance, c'était les épreuves des dialogues Guitard-Chardonne. Ce dialogue où je parle tout le temps m'intéresse et m'engage plus que Mme Guitard elle-même." Sert d'intermédiaire entre Morand et Parinaud, propose Roger Nimier comme correcteur pour son texte : "Par prudence on devrait charger Roger Nimier de ces corrections; j'ai pris l'habitude de trouver bien ce qu'il fait." Le 10 janvier 55, répond par la négative à sa candidature à l'Académie :"Arts à eu la gentillesse de me proposer à l'Académie. Vous avez questionné Léautaud. Je ne sais si vous avez l'intention d'interroger les autres. Pour une fois cela me ferait plaisir de répondre. J'ai trois petites raisons pour dire : non, et que j'aimerai claironner…". Conseille Paul Morand pour Arts : "C'est […] la plume la plus brillante avec celle de Cocteau. La folle amoureuse, son nouveau livre, parait le 1er mars. C'est son chef d'œuvre". Signale la distribution des prix et son discours à Barbezieux en juin 1956. Annonce la parution de ses œuvres complètes : "les lettres à Nimier paraîtront dans le dernier tome de mes œuvres complètes, expurgées. Ce sera un livre tout en en sucre. Pas une phrase qui choquera (ne le dites pas)". Manuscrits joints :
- FLEURS, 4 p. in-4. Texte sur la passion des fleurs qui lui est venue avec l'âge, cite Goethe, Rousseau, Gide... "Je m'aperçois que les hommes jeunes qui viennent chez moi, ne voient pas les fleurs qu'ils ont sous les yeux; Ils regardent le fleuve, l'étendue, pas les fleurs...". Evidement le jardin, les fleurs sont une digression sur la littérature, les écrivains, les hommes, le plaisir...
- L'ACADEMIE, 1 p. in-4. Réponse à ceux qui proposèrent sa candidature : "Jamais. L'Académie Française devrait s'en tenir aux ducs, avocats enrichis, maréchaux. C'est de tout repos. Les écrivains lui font du tort, on ne sait jamais si ils ont du talent.... MAIS ILS SONT ENNUYEUX. Alors vous pensez, quarante !"
- JACQUES CHARDONNE A LU POUR VOUS QUELQUES LIVRES : 2 p. in-4. "Les éditeurs sont bien coupables. Ils se ruinent en ruinant la littérature. Ils ne soupçonnent pas le mal qu'il font au lettres, étant pour la plupart des illettrés".