NAT NEUJEAN (né en 1923)
SCULPTURE EN BRONZE REPRÉSENTANT TINTIN ET MILOU
Sculpture en bronze réalisée en 1976 selon la technique dite « à la cire perdue », signée Nat Neujean. Cachet de la fonderie Pinella de Andreïs et Figli à Milan sur le socle. Hauteur : 180 cm.
En 1947, «Les Amitiés Belgo - Françaises» firent appel à Nat Neujean pour réaliser un buste d’André Malraux. Connaissant l’admiration de Malraux pour Tintin, l’Ambassade de France conseilla à Neujean de se rendre chez Hergé. C’est à partir de cette date que se nouera entre le sculpteur et Hergé une amitié réciproque. Vers 1951, Hergé et les «Éditions du Lombard» eurent l’idée de commercialiser des figurines en vinyle des personnages de Tintin avec la société de jouets pour enfants MIRIM. Ils proposèrent à Nat Neujean de réaliser les modèles en plâtre. Le sculpteur se montra réticent, étant donné que les personnages n’étaient pas sa propre création. Finalement, à partir de dessins qu’Hergé lui avait fournis et après de nombreuses entrevues, Nat Neujean modela la première sculpture de Tintin de 20 cm de haut. Le père de Tintin et Milou fut très surpris du résultat: il découvrait pour la première fois son héros en trois dimensions! Suivront Haddock, Tournesol et les Dupondt. Peu de temps après, Hergé commanda à Nat Neujean un buste de Tintin de 40 cm de haut, taillé en pierre de France. Celle-ci trônera fièrement sur le bureau d’Hergé à partir de 1954. En 1958 toujours à la demande d’Hergé, Nat Neujean réalisa son portrait en bronze. Malheureusement pris par le temps, Hergé ne posa que très rarement pour le sculpteur, néanmoins Nat Neujean en fit un portrait saisissant de ressemblance. En 1975, à l’occasion du 30ème anniversaire du Journal Tintin, Raymond Leblanc (Directeur des Éditions du Lombard) et Guy Dessicy (Publiart) ont l’idée de faire une surprise de taille à Hergé: une statue en pied de Tintin et Milou de plus d’un mètre quatre vingt! Et c’est tout naturellement que sa réalisation fut confiée à Nat Neujean. Il commença par entreprendre une première étude préliminaire en terre de 70 cm de haut, d’abord sans Milou (il l’intégrera par la suite quand l’œuvre sera plus aboutie). Un mois sera nécessaire à Neujean pour réaliser l’œuvre finale de 180 cm de haut. Celui-ci confronté à divers problèmes de proportions fera appel à son fils Bertrand, alors âgé de 8 ans pour prendre la pose. Quant à Milou l’entreprise fut plus complexe, le modèle (le chien d’Alain Baran, secrétaire particulier d’Hergé) ne se montra pas très docile, mais Neujean tenait à avoir un vrai chien en face de lui, afin de donner à Milou une touche plus personnelle. Le compagnon de Tintin sera placé à coté de lui, mais tournera le dos à son maître témoignant de sa propre existence et de son indépendance. Inauguré le 29 septembre 1976, en présence d’Hergé et de Nat Neujean (ainsi que de nombreux invités de marque), au parc du Wolvendael à Uccle, le monument sera faute de temps présenté en plâtre patiné et coulé par après en bronze à la Fonderie Milanaise de Nat Neujean (De Andreis & Figli) selon la technique de la «cire perdue». Après plusieurs tentatives de vol et de dégradations, le monument fut placé momentanément en lieu sûr au Centre Culturel d’Uccle, où l’œuvre peut toujours être admirée aujourd’hui.
Nat NEUJEAN (de son vrai nom Nathanaël Neuman) est né à Anvers le 5 janvier 1923. À 14 ans, il quitte son milieu familial, occupe un atelier à Anvers où il s’initie à la sculpture. Il est accepté comme élève libre à l’Académie des Beaux-Arts de cette ville, durant les années 1939 à 1942. En 1942, les autorités allemandes exigent l’expulsion des étudiants Belges d’origine juive des lieux d’enseignement. Nat Neujean quitte Anvers et réside à Bruxelles où il travaille tout en vivant dans la clandestinité. Après la guerre, il s’établit à Paris pendant les années 1946 et 1947, puis retourne à Bruxelles où il s’installe définitivement. C’est de cette époque que datent ses premières commandes et ses premiers portraits, parmi lesquels ceux d’Hergé, André Malraux et Ben Gourion. Il réalise à partir de 1950 ses premières expositions de groupe et une série de commandes officielles pour les villes de Namur (La Sambre et La Meuse en 1950), de Charleroi, de Bruxelles («L’Âme Sentinelle» 1982-84). Fortement éprouvé par les horreurs de la deuxième guerre mondiale, il commence les études préliminaires à «la Mémoire de la Déportation» à laquelle il consacrera une grande partie de son œuvre. Les victimes de l’Holocauste resteront omniprésentes dans son travail, offrant une image bouleversante de ces figures fantomatiques, destinées à la destruction totale. Une première exposition à New York (1964) est suivie d’une rétrospective au Musée des Beaux-Arts de Boston (1964) et d’une invitation à enseigner comme professeur étranger à la Fine Art School de l’Université de Boston. Par la suite, les sculptures de Nat Neujean seront exposées tout au long de la deuxième moitié du XXème siècle à Washington, Chicago, Dallas, Houston, Palm Beach, Detroit, (États-Unis), à Toronto, Montréal (Canada), en Australie. La Belgique, les Pays-Bas, la France, l’Italie, l’Angleterre lui ont consacré à de nombreuses reprises, des expositions personnelles, ainsi que collectives avec des artistes de renom. Neujean est reconnu également comme portraitiste de personnalités tels que Paul Delvaux, Robert Schuman, Trammell Crow, Frank Stanton (Président de la Croix Rouge) M.Mannilow (Président des hôtels Sheraton), Giacomo Manzu, Henri Moore. Il est élu membre de l’Académie Royale de Belgique en 1972, et directeur de sa classe en 1978. Il est élu membre correspondant de l’Accademia Nazionale di San Luca di Roma en 1995. Nat Neujean travaille exclusivement depuis 1955 avec la Fonderie De Andreis à Milan.