Comment:
Nous présentons ici une œuvre d’un artiste méconnu bien que plusieurs de ses œuvres soient exposées dans des musées (Edimbourg, Saint-Pétersbourg, Richmond,…).
Si l’Académie de Toulouse entretint le souvenir d’Henry Ferguson en exposant ses œuvres aux Salons de 1778, 1780 et 1791, elle ne le sauva pas de l’oubli au XIX° siècle. Artiste d’origine hollandaise actif en France et en Angleterre, il n’a été que récemment redécouvert à la suite d’une étude de Martin Eidelberg. (cf. Martin Eidelberg, "Landskips…dark and glommy, reintroducing Heny Ferguson", in 'Apollo', sept. 2000, p. 27 à 36). Les paysages de ruines qui avaient été donnés à son père, William Gouw Ferguson (c.1622-c.1695), peintre animalier d’origine écossaise, lui ont depuis été rendus.
Il fait partie de la génération qui, marquée par le vaste chantier de fouilles qu’était Rome, utilisent les lignes des vestiges et monuments antiques qu’ils placent dans leurs paysages pour structurer leurs compositions, travaillant probablement à partir de relevés faits sur place. Les 'Nymphes au bain vues d’une grotte' en sont un bel exemple : le bas-relief du premier plan existe sur deux sarcophages connus à Rome au XVII° siècle. Ce Bacchus chez Icarios qui évoque les plaisirs de l’ivresse dans un monde idyllique peuplé de nymphes se retrouve dans deux autres tableaux d’Henry Ferguson: un 'Paysage avec ruines' conservé au Worcester College d’Oxford (toile, 70 x 99 cm, cf. Eidelberg, p. 34, ill. 9) et une 'Frise bacchique' de la collection Kress conservée au musée de Portland (Oregon) (toile, 23,6 x 49 cm, cf. Eidelberg, p. 34, ill. 10). En partie gauche, une trouée permet d’apercevoir un temple, souvenir de l’image qu’offre la découverte du temple de la sibylle à Tivoli. 'Nymphes parmi des ruines antiques', tableau de l’ancienne collection Authamayou (toile, 75 x 105 cm, cf. Expo. Toulouse, 2001, repr. p. 56), a une structure similaire : contrastes de coloris, de lumière et d’ échelle amènent l’œil à un va-et-vient entre une percée dévoilant un aqueduc et le bas-relief antique du premier plan.
Un repentir se distingue dans notre tableau : l’artiste avait imaginé placer un personnage sous le tombeau.