LETTRE CAPITALE SUR L'ACCUEIL DE TORRES-GARCIA EN URUGUAY.
Montevideo, 14 mai 1934. 3 p. in-4, avec un DESSIN ORIGINAL sur dernière p. (6,5 x 17 cm). Signé J. Torres-Garcia, Montevideo, "mayo 14-[19]34". Ecrite en espagnol.
Après avoir vécu à Paris (1926-1932) et après un bref passage à Madrid (1932-1934), Torres-Garcia entreprend des démarches pour revenir en Amérique latine. Il se rend au consulat uruguayen, où "he meets people from his country who describe how it is possible to lead a cultivated life in Uruguay" (Chronology, p. 33), et, le 11 avril 1934, il quitte l'ancien continent pour Montevideo. Ecrite peu après son arrive, cette lettre est précisément adressée à l'un de ceux qui l'ont aidé à revenir au pays : Armando Vasseur, poète et traducteur uruguayen (il fut le premier traducteur de Walt Whitman en espagnol).
Dès son arrivée, Torres-Garcia est accueilli comme un peintre d'avant-garde européen : "J'ai été reçu comme jamais je ne l'aurais imaginé, et les perspectives qui se dessinent sont très belles. Je suis assailli par des gens qui me demandent de faire des conférences, et je réponds oui à tout le monde… Les artistes croient que je vais réussir le miracle de les réunir tous… Peut-être y parviendrai-je, car nous avons déjà jeté les bases d'une association d'artistes uruguayens de type Indépendants, sans jury ni récompenses… Cela fait quinze jours que je suis ici et déjà je connais presque tous les gens qu'il me faut connaître. Je suis aussi allé saluer le Président, qui a paru intéressé pas ce que je veux réaliser ici… Mon œuvre a intéressé tous ceux qui l'ont vue. Je crois que je vais faire beaucoup de bien, car tous ont beaucoup à apprendre. Je considère qu'ici je suis sauvé, car la réaction a été formidable de la part de tous : ils sont intéressés et ça me suffit."
Puis, à propos de son séjour en Espagne : "Quel dommage cette année et demie perdue à Madrid ! Je veux que l'on sache c'est à vous seul (comme je le dis ici) que je dois d'être venu. Quelle chance d'avoir rencontré Hélyos ce jour béni au consulat ! Le destin !"
Admire la beauté de Montevideo, raconte ses mésaventures "pour faire débarquer ma famille et l'ami qui voyageait avec nous". Parle de leur ami Casal qui doit publier un article dans la revue Alfar. Evoque l'œuvre de son correspondant : "Vous travaillez en silence. [J'ai dit] que vous aviez fait une œuvre forte, de grande maturité, et qu'assurément vous attendiez dans la tranquillité, parce que vous savez que cette œuvre est fondamentale".
Cette lettre se termine par un charmant dessin, où l'on distingue notamment une girouette, un soleil et une figure humaine.
BIBLIOGRAPHIE : "Torres-Garcia, Chronology and Catalogue of the Familly Collection", University of Texas at Austin Art Museum, 1974.